Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 12.djvu/522

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
518
REVUE DES DEUX MONDES.

relation avec les autres phénomènes atmosphériques, a une grande influence sur tous les corps organisés et particulièrement sur les végétaux ; car si l’air contient trop peu d’humidité, il enlève aux plantes plus d’eau que le sol ne leur en peut fournir. On conçoit donc combien il est utile pour le physicien comme pour l’agronome de connaître au juste l’état de l’atmosphère sous ce rapport. Eh bien ! ce qu’on a fait pour la mesure des températures, quand on a pris pour point de départ ou pour zéro de l’échelle thermométrique la congélation de l’eau, on a essayé de le faire aussi pour mesurer le degré d’humidité, et l’on a pris pour terme de comparaison le point auquel commence à se déposer la rosée. L’air à cet instant contient autant d’humidité ou de vapeur d’eau qu’il en peut contenir, il est ce qu’on appelle saturé.

La quantité d’humidité nécessaire pour cette saturation varie avec la température ; il en faut plus pour l’air chaud que pour l’air froid ; mais l’air, saturé ou amené au point de rosée, agit toujours de même sur la végétation ; et l’air qui ne serait qu’à moitié saturé, fût-il plus froid ou plus chaud, dessécherait également les plantes et les objets humectés.

Les physiciens anglais qui, dans la dernière réunion de l’association britannique, se sont beaucoup occupés des diverses questions de la météorologie, et particulièrement de celle-ci, déterminent ainsi le point de rosée qu’ils inscrivent dans leurs tableaux. Ils comparent la température d’un thermomètre exposé librement à l’air avec celle d’un autre thermomètre dont la boule, entourée d’une étoffe mince, est entretenue constamment humide par un fil qui conduit, à la manière d’un siphon, l’eau d’un petit réservoir placé au-dessus. Ce dernier thermomètre se trouve naturellement refroidi par l’évaporation de l’eau : il indique, par exemple, 17 degrés, pendant que l’autre en indique 20 pour la température de l’air. Or, on sait que dans l’air parfaitement sec le thermomètre à boule humectée aurait baissé de 12 degrés ; on en peut donc conclure, au moyen d’une règle assez simple le degré de saturation et le point précis auquel se déposerait la rosée.

Dans ce cas, l’effet produit est le quart de celui que produirait l’air parfaitement sec ; par conséquent, sauf les corrections exigées pour une exactitude pareille, on pourrait dire que l’atmosphère contient les trois quarts de l’humidité nécessaire pour son entière saturation.

Cette année où les aurores boréales ont été si fréquentes, même en été, les physiciens anglais ont signalé l’apparition de nuages noirs, pendant le jour, dans la partie du ciel où se montreront des aurores boréales durant la nuit suivante. On savait déjà que l’aiguille aimantée, par l’agitation extraordinaire qu’elle éprouve, indique ces brillans phénomènes dans les lieux même où ils ne sont pas visibles ; mais cette nouvelle indication, si elle était exacte, donnerait le moyen de prévoir ce phénomène, et nous serions désormais moins exposés à ne le connaître que le lendemain de son apparition.

Une découverte dont l’influence se fera sentir dans presque toutes les parties de la physique, dans des mesures de la densité des gaz et des vapeurs,