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STATISTIQUE PARLEMENTAIRE.

Après la phalange des doctrinaires purs, en voici venir une autre que nous désignerons sous le nom de sous-doctrinaire. Celle-ci est plus nombreuse, mais moins ardente, moins unie, moins forte que la première. Tandis que les vrais doctrinaires se sont fait en matière d’histoire, de philosophie, de gouvernement représentatif, des idées à eux, et des idées arrêtées, ceux-ci n’ont pas encore résolu tant de questions. Les uns en sont à faire leur apprentissage. D’autres achèvent paisiblement leur carrière dans le poste subalterne que la voix du maître leur a assigné, et recevront peut-être un jour le titre de doctrinaires émérites.

Les sous-doctrinaires sont au nombre de 21 :

MM. Anisson-Duperron, Boigues, Chastellier, Daunant, B. Delessert, Fr. Delessert, Nap. Duchâtel, Duchesne, de l’Espée, Jay, Lareveillère, Le Prévost, Lemercier, Magnoncourt, Molin, Muret de Bord, Pavée de Vandœuvre, Alph. Périer, Cam. Périer, J. Périer, Wustenberg.

Parmi ces 21 députés, il n’y a pas un homme vraiment remarquable par son talent. Mais plusieurs ont, par leur position, une assez grande influence dans leur département ; plusieurs jouissent d’une fortune considérable, ce qui a toujours été pour la doctrine une excellente recommandation. Nous en pourrions citer trois ou quatre qui ont une réputation bien établie d’incapacité, pour ne pas dire de nullité politique et administrative. Mais ils possèdent une fortune de 80 à 100 mille livres de rente, et comment voulez-vous qu’on n’ait pas un profond respect pour un homme qui a 100 mille livres de rente ?

Tous, comme les doctrinaires purs, ont été groupés autour du chef de file par des relations de cité ou de famille. L’un a été maire de la ville de Nîmes, et celui-là M. Guizot le revendique de droit. Un autre est le frère de M. Duchâtel qui est ministre, et il ne saurait en conscience manquer aux devoirs que lui impose la fraternité. Celui-ci a des obligations à l’un des treize grands doctrinaires ; celui-là cède à d’anciens souvenirs d’affection ; cet autre est doctrinaire par instinct et par tempérament. Tous obéissent ainsi à des considérations personnelles. Mais pas un d’eux n’a été converti par M. Guizot : ils étaient doctrinaires avant qu’il fût ministre ; quelques-uns le seront vraisemblablement encore après.

Tel est au juste le nombre des doctrinaires : 34 députés en tout ; pas un de plus, pas un de moins. Mais s’ils n’ont pas fait de conquête dans la chambre, ils ont su du moins se créer des organes dans la presse. Le Journal des Débats les défend avec habileté ; la Paix et la Charte de 1830 les prônent avec ardeur.

À ce faisceau doctrinaire se rallient plusieurs groupes qui n’appartiennent ni à M. Guizot ni à ses adeptes, mais au pouvoir. Nous pouvons les