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caractériser ainsi : Banc de la cour, ministériels quand même, grand banc ministériel, députés flottans, légitimistes ralliés.

Dans le banc de la cour, il faut compter en première ligne les députés qui ont une place au château :

MM. Berthois, aide-de-camp du roi ; Chastellux, chevalier d’honneur de Mme Adélaïde ; Delort, Durosnel, de Laborde, La Rochefoucault, aides-de-camp du roi ; Liadières, officier d’ordonnance du roi ; Montesquiou, chevalier d’honneur de la reine ; Vatout, bibliothécaire du roi.

Ces 9 députés sont royalistes, c’est leur mission ; ministériels, c’est leur devoir. Ils remplissent à la chambre un rôle d’obéissance, et il est juste de dire qu’ils le remplissent bien. Leur vote n’est pas mis en discussion ; leurs paroles, quand ils se hasardent à en prononcer quelques-unes, peuvent toujours être prévues. Tels la cour veut qu’ils soient, tels ils sont. Mais il faut qu’ils agissent avec mesure et prudence : on les sait admis aux confidences du château, et souvent un mot jeté à la hâte, un mouvement irréfléchi pourrait être, de leur part, une indiscrétion. Jusqu’à présent, ils ont rempli fidèlement cette condition de leur mandat ; c’est une qualité de plus. Aucun d’eux, du reste, ne s’est distingué ni par son influence, ni par son talent. Il y a cependant parmi eux quatre littérateurs : M. Liadières, qui a versifié plusieurs tragédies ; M. le général Delort, qui a traduit les Odes d’Horace ; M. de Montesquiou, qui a fait, dit-on, d’agréables quatrains ; et M. Vatout, qui a voulu justifier son titre de bibliothécaire du roi par la publication de deux romans. Mais leur littérature a été comme leur politique, tellement passive et discrète, qu’on n’en a pas entendu parler.

La seconde section du banc de la cour se compose de 7 membres :

MM. Cornudet, d’Estourmel, Jacqueminot, Las-Cases, de Marmier, Sapey, Sébastiani.

Ceux-ci n’exercent aucune fonction officielle au château, mais ils s’y rattachent par leurs goûts, par leurs relations. On dit que M. de Marmier, apprenant que Louis-Philippe avait demandé à le voir dès son entrée dans la Haute-Saône, s’écria comme Mme de Sévigné, après avoir dansé un menuet avec Louis XIV : « Quel grand roi ! » Depuis ce temps, M. de Marmier est resté fidèle au banc de la cour. Il en est de même de plusieurs de ses collègues : un éloge les a attirés, une faveur les a retenus. Ils étaient déjà ministériels par conviction, ils sont devenus courtisans par circonstance. Il y a dans cette seconde section des hommes qui jouissent d’une certaine influence, soit par leur caractère, soit par leur position. Ils ne sont guère moins dévoués que ceux de la première ; mais il leur est permis d’agir avec plus de hardiesse.