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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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31 décembre 1836.



Faut-il croire qu’une fatalité irrémédiable pèse sur nous, et viendra toujours arrêter l’éducation constitutionnelle du pays ? Au moment où, après une longue attente, les chambres allaient soumettre à la justice d’une discussion sévère la politique ministérielle, voilà qu’un nouvel attentat menace encore d’intervertir le cours naturel des choses, et de faire perdre au parti de la modération le terrain qu’elle avait si patiemment conquis. C’est encore de l’imprévu, mais de l’imprévu hideux et presque déshonorant pour la société au sein de laquelle il éclate. Il faut l’avouer, il y a dans notre pays quelques hommes atteints d’une lèpre morale, pour lesquels l’assassinat est une satisfaction légitime, un dogme religieux ! Le nombre en est heureusement bien petit, mais la démence d’un seul, arrivant à son dernier paroxisme, suffit à jeter partout le désordre et l’effroi. Cependant il est à remarquer qu’après la première impression de surprise douloureuse et de dégoût profond, l’opinion publique s’est, pour ainsi dire, repliée sur elle-même pour retrouver des forces et pour échapper au découragement. On ne peut vraiment consentir à ce que le crime d’un fou furieux frappe de stérilité les pensées, les intentions et les efforts des hommes le mieux dévoués à la cause de la vraie liberté. On se reprend à vouloir agir, à vouloir secouer une torpeur qui, en se prolongeant, deviendrait une complicité avec le crime même. La société a besoin de montrer, par la persévérance de son activité, que si, au milieu d’elle s’agitent quelques malheureux infectés d’un mal