Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 9.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
REVUE DES DEUX MONDES.

Peu de contrées d’Europe sont aussi favorisées de la nature que la Moldavie et la Valachie. Elles forment un vaste bassin, borné à l’ouest et au nord par les Krapacks, et au midi par le Danube, dont les flots, se déroulant dans leur grandeur et leur majesté, servent de ceinture à de vastes plaines, variées, pittoresques et fertiles. De nombreux étangs bordent le grand fleuve dont les eaux les font naître et les alimentent ; la pêche y est abondante, et constitue un des principaux revenus des deux principautés. Du côté des Krapacks, elles présentent de magnifiques pâturages, des forêts de bois propre à la construction, des salines de sel gemme qui peuvent rivaliser avec les meilleurs produits de ce genre en Europe ; enfin des montagnes de sel recouvertes à peine d’une légère couche de terre, et que personne n’a jamais exploitées. Le gouvernement se les réserve et les néglige. Il veut vendre au prix le plus élevé le sel qu’il tire des salines, et dont il usurpe le monopole. La partie moyenne, mêlée de plaines et de coteaux, de prairies et de bois, offre des aspects d’une beauté ravissante.

Les caractères des pays de plaines, des pays forestiers et des pays de montagnes, se réunissent dans ce territoire. Toutes les productions lui appartiennent : l’olivier et l’oranger sont les seuls arbres européens que le sol et le climat ne favorisent pas. Ses nombreux vignobles fournissent d’excellens vins qui n’attendent qu’une exploitation intelligente pour rivaliser avec les vins de France. L’exportation leur manque, et le débit intérieur peut à peine couvrir les dépenses premières. En de certaines années, il a valu deux ou trois sous le litre ; de là l’extrême incurie des habitans qui ne parvient pas à en altérer la qualité supérieure.

Point de terrains stériles, point de landes. De nombreuses rivières, descendues des monts Krapacks, vont retomber au sein du Danube, et quelque temps leurs ondes stationnaires forment, çà et là, de vastes plaines d’eau qui prêtent au pays un aspect bizarre. Vous diriez de grands domaines soumis à un système de vaste irrigation, et qui attendent la culture. Partout des eaux courantes ; partout des sources fécondes de prospérité agricole. Employez quelques-unes de ces rivières ; rendez navigables un ou deux de ces cours d’eau ; vous créerez un ensemble immense de communications fluviales ; vous verserez l’opulence sur un pays pauvre. Un peu d’industrie tiendra lieu de capitaux gigantesques,