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L’INSTRUCTION PUBLIQUE À ROTTERDAM.

aides apprentis. Ici, comme à Amsterdam, la méthode suivie est l’enseignement simultané, avec quelque mélange d’enseignement mutuel pour la répétition des parties inférieures et matérielles de l’instruction.

Passons maintenant des écoles de pauvres à ces écoles un peu plus relevées, qui ne sont pas tout-à-fait gratuites, et où l’on paie quelque chose, mais peu de chose, ce qui les a fait nommer écoles intermédiaires (Tuschen-schoole). En général, ces écoles sont livrées en Hollande à l’industrie particulière, et presque partout ce sont des écoles privées. Rien de mieux en théorie que cette distribution de l’instruction primaire ; dans la pratique voici les conséquences qu’elle devait amener et que le temps n’a pas tardé à faire paraître. Les écoles de pauvres n’étant pas seulement entretenues, mais instituées et gouvernées par l’autorité publique, leurs réglemens étaient faits par des hommes versés dans ces matières ; ces réglemens étaient strictement exécutés ; les maîtres étaient formés dans les écoles normales, les méthodes rigoureusement surveillées, la discipline excellente, les études bornées, mais solides ; les écoles de pauvres devinrent donc bientôt en plusieurs endroits supérieures aux écoles payantes dont l’industrie privée s’était chargée. De là le grave désordre d’enfans de la classe moyenne moins bien élevés que ceux de la classe indigente, et ce désordre pouvait à la longue amener une véritable perturbation sociale. On reconnut la nécessité d’aller au-devant de ce danger, et plusieurs villes fondèrent des écoles intermédiaires publiques et payantes. La ville de Rotterdam a deux écoles de ce genre, indépendamment de celles que la concurrence privée avait établies. D’abord il y a entre ces différentes écoles une émulation qui tourne au profit de toutes ; ensuite, et c’est là le point essentiel, des familles qui ne sont point assez indigentes, ou qui, dans leur indigence, ont trop d’amour-propre pour envoyer leurs enfans aux écoles des pauvres, sans pouvoir atteindre au prix assez élevé de la plupart des écoles privées, trouvent dans ces écoles publiques à bon marché ce qui convient à la fois à leurs sentimens et à leur position. Ainsi la ville de Rotterdam rend un service important à une partie très intéressante de la classe moyenne ; et ce service, elle a pu le rendre sans autre dépense qu’une avance de fonds qu’elle n’a pas tardé à recouvrer par le rapide succès de ces deux nouvelles institutions. J’ai entre