Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 9.djvu/321

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
317
LAZARE.


Donner la couverture
Aux pauvres gens sans toits,
Et de laine et de bure
Vêtir tous les corps froids ;

Misère ! ô dure femme,
Il pourra t’arracher
Quelque jour notre chair,
Qu’il te restera l’ame.

Oui, notre ame sera
Toujours ta nourriture ;
Nul être n’en pourra
Sevrer ta lèvre impure,

Et de quelque façon
Que ce globe de fange,
Sous la main du maçon,
Se pétrisse et s’arrange ;

De quelque bon côté
Que la terrestre boule
Emporte, emporte et roule
La triste humanité ;

Malgré les vains systèmes
De ses pauvres enfans,
Les politiques blêmes
Et leurs rêves sanglans ;

L’ame est à toi, — Misère,
Et toujours la douleur
Rêvera loin de terre
Quelque monde meilleur.


Auguste Barbier.