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THÉÂTRE-FRANÇAIS.

LA CAMARADERIE.

L’apparition d’un nouvel ouvrage de M. Scribe provoque d’ordinaire les jugemens les plus opposés ; mais ce contraste n’est pas un problème pour les personnes qui savent pénétrer, par l’analyse, les procédés de sa composition. M. Scribe est doué de cette invention secondaire qui aperçoit toutes les ressources d’un sujet trouvé. Il doit à une longue pratique le secret de surprendre la curiosité par une exposition lucide, et de l’irriter sans cesse par la variété des incidens. Son intention ne fatigue jamais par l’obscurité ; chez lui, au contraire, le jeu de la scène est si bien préparé, que les esprits les plus indolens en peuvent saisir les combinaisons. Son observation glisse sur les superficies ; ses personnages, quand ils ne sont pas faux originairement, le deviennent presque toujours par leur parler et leur manière d’agir : en revanche, ils provoquent sans cesse l’auditoire par des mots agaçans ; ils occupent les yeux par le mouvement qu’ils se donnent, et deux à trois fois par acte, ils parviennent à se grouper assez ingénieusement pour composer des tableaux à effet. L’anxiété