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ILLUSTRATIONS SCIENTIFIQUES.
allé rendre les Novelle morali ; on m’a donné à choisir dans la bibliothèque ; j’ai pris Mme Deshoulières, je suis resté un moment seul avec elle.
Dimanche, 4. — J’ai accompagné les deux sœurs après la messe, et j’ai rapporté le premier tome de Bernardin ; elle me dit qu’elle serait seule, sa mère et sa sœur partant le mercredi.
… Vendredi, 16. — Je fus rendre le second volume de Bernardin. Je fis la conversation avec elle et Génie. Je promis des comédies pour le lendemain.
Samedi, 17 — Je les portai, et je commençai à ouvrir mon cœur.
Dimanche, 18. — Je la vis jouer aux dames après la messe.
Lundi, 19. — J’achevai de m’expliquer, j’en rapportai de faibles espérances et la défense d’y retourner avant le retour de sa mère.
Samedi, 24. — Je fus rendre le troisième volume de Bernardin avec Mme Deshoulières ; je rapportai le quatrième de la Dunciade, et le parapluie.
Lundi, 26. — Je fus rendre la Dunciade et le parapluie ; je la trouvai dans le jardin sans oser lui parler.
Vendredi, 30. — Je portai le quatrième volume de Bernardin et Racine ; je m’ouvris à la mère, que je trouvai dans la salle à mesurer de la toile. »


Remarquez, voilà le mot dit à la mère treize jours après le premier aveu à la fille : marche régulière des amours antiques et vertueuses !

Je continue, en choisissant :


« Samedi, 13 novembre. — Mme Carron (la mère) étant sortie, je parlai un peu à Julie, qui me rembourra bien et sortit. Élise (la sœur) me dit de passer l’hiver sans plus parler.
Mercredi, 16. — La mère me dit qu’il y avait long-temps qu’on ne m’avait vu. Elle sortit un moment avec Julie, et je remerciai Élise qui me parla froidement. Avant de sortir, Julie m’apporta avec grâce les Lettres provinciales.
… Vendredi, 9 décembre à dix heures du matin. — Elle m’ouvrit la porte en bonnet de nuit et me parla un moment tête à tête dans la cuisine ; j’entrai ensuite chez Mme Carron, on parla de Richelieu. Je revins à Polémieux l’après-dîner. »


Je ne multiplierai pas ces citations : tout le journal est ainsi. Mme Deshoulières et Mme de Sévigné, et Richelieu, on vient de le voir, s’y mêlent agréablement ; les chansons galantes vont leur train : la trigonométrie n’est pas oubliée. On s’amuse à mesurer la