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ILLUSTRATIONS SCIENTIFIQUES.


Et pour conclusion finale :


« Ceux qui nous connaîtraient bien comprendraient la raison des inconséquences de Jean-Jacques Rousseau. »


M. Ampère ne retourna pas à Lyon : il resta à Paris, plus actif d’idées et de sentimens que jamais. Il se remaria au mois de juillet même de cette année : ce second mariage lui donna une fille. Cette lettre de M. Ballanche, au reste, sera la dernière pièce confidentielle que nous nous permettrons : elle termine pour nous la jeunesse de M. Ampère. En avançant dans le récit d’une vie, ces sortes de confidences, moins essentielles, moins gracieuses, nous semblent aussi moins permises. La pudeur de l’homme mûr a quelque chose de plus inviolable, et c’est le travail surtout qui marque le milieu de la journée. Dans le récit d’une vie comme dans la vie même, les sentimens émus, cette brise du matin, ne reparaissent convenablement qu’au soir.

Quoi qu’il en ait dit dans la note citée plus haut, M. Ampère, si fortement occupé de métaphysique, ne s’y livrait pas exclusivement. Les mathématiques et les sciences physiques ne cessaient de partager son zèle. Six mémoires sur différens sujets de mathématiques, insérés tant dans le Journal de l’École polytechnique, que dans le Recueil de l’Institut (des savans étrangers), déterminèrent le choix que fit de lui, en 1814, l’Académie des Sciences pour remplacer M. Bossut. Nommé secrétaire du Bureau consultatif des Arts et Métiers (mars 1806), il servait assiduement les travaux de ce comité, et ne devint secrétaire honoraire que lorsqu’il eut donné sa démission en faveur de M. Thénard, dont la position alors était moins établie que la sienne. Il fut de plus successivement nommé inspecteur-général de l’Université (1808), et professeur d’analyse et de mécanique à l’École polytechnique (1809), où il n’avait été jusque-là qu’à titre de répétiteur, professant par intérim. En un mot, sa vie de savant s’étendait sur toutes les bases.

Dans l’histoire des sciences physico-mathématiques, comme va le faire connaître M. Littré, la mémoire de M. Ampère est à jamais sauvée de l’oubli, à cause de sa grande découverte sur l’électro-magnétisme en 1820. Dans l’histoire de la philosophie, pourquoi faut-il que ce grand esprit, qui s’est occupé de métaphysique pendant plus de trente ans, ne doive vraisemblablement laisser qu’une