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mens, en un mot, de mêler l’éducation à l’instruction. Voici ce qui m’a été répondu : « 1o Le directeur et les professeurs, délivrés des soins qu’entraîne le pensionnat, correspondent habituellement avec les pères et les mères de familles. La famille et l’école s’entre-aident. Les mères, en particulier, ont un zèle admirable. 2o Chaque maître, dans ses leçons, s’efforce de cultiver l’ame de ses élèves en ramenant sans cesse de bonnes maximes, et en saisissant toutes les occasions de se livrer à des réflexions morales. » Ces deux excellentes pratiques existent aussi en Allemagne où le plus grand nombre des gymnases sont, comme en Hollande, des externats. Et à ce propos, je ne puis m’empêcher de remarquer que les deux peuples où l’éducation joue le plus grand rôle dans l’instruction, sont précisément les deux peuples qui préfèrent l’externat au pensionnat, tandis qu’en France où l’internat prévaut, sur le principe que l’internat seul peut donner l’éducation, l’éducation est presque nulle ou beaucoup plus faible que dans les deux autres pays. J’ai moi-même exposé ailleurs les difficultés de toute espèce et les graves dangers du collége à pensionnat[1]. D’un autre côté, un pareil collége bien dirigé serait une chose si admirable et si utile, ce serait une leçon si efficace et si vive d’ordre, de hiérarchie et de justice, que je ne voudrais pas désarmer la société d’un tel moyen de culture morale et politique. Et puis, en France, la vie domestique est malheureusement si faible, que si nos colléges cessaient d’être des pensionnats, les établissemens privés s’enrichiraient seuls de leurs dépouilles ; il y aurait autant d’enfans enlevés à leurs familles, avec cette seule différence, qu’au lieu de tomber entre les mains vigilantes de l’état, ils seraient abandonnés à des spéculations particulières bien moins capables encore que le gouvernement de succéder aux droits et aux devoirs de la famille. En résumé, je ne crois pas qu’on puisse résoudre le problème d’une manière absolue. Tout dépend des mœurs du pays, du plus ou moins de force de la vie de famille, et de beaucoup d’autres choses qu’il faut prendre en considération pour fonder à propos un collége de pensionnaires ou d’externes. La seule chose que je n’aie vu réussir nulle part, c’est un pensionnat trop considérable.

Je termine cet examen de l’école d’Utrecht par quelques mots sur sa constitution intérieure et sur le mode de nomination de ses

  1. Rapport, etc.