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motions, nos examens pour le doctorat. La salle des promotions à Utrecht est vraiment imposante, et il est ridicule qu’à la Sorbonne nous n’en ayons pas une semblable pour les facultés des lettres et des sciences. Dans la salle du sénat académique sont suspendus à la muraille les portraits de tous les professeurs de l’université d’Utrecht, dans les différentes facultés, depuis sa fondation jusqu’à nos jours. Excellente et noble coutume de conserver les images des hommes qui ont bien mérité de l’université, et qui me rappelle une autre coutume, ou plutôt une règle de chaque université hollandaise, de publier chaque année ses annales, qui contiennent les divers actes des cinq facultés, les programmes des cours, et les sujets de prix donnés par l’université, avec les dissertations qui ont remporté les prix[1]. Par là, le monde savant peut juger si une université remplit ou non sa mission. Ces annales deviennent ainsi dans un pays les annales mêmes de la science. Certainement, on peut dire que les annales des trois universités de Groningue, de Leyde et d’Utrecht[2] forment, avec les mémoires de l’Institut royal à Amsterdam, un corps complet de l’histoire littéraire et scientifique de la Hollande. Chez nous, l’Histoire de l’Université de Paris de Duboulay n’est-elle pas l’histoire même de la philosophie et de la science à Paris au moyen-âge ? Il semblerait donc très convenable que les cinq facultés de l’université de Paris, quand il y aura à Paris une université véritable, missent parmi les devoirs de leur recteur, de faire paraître l’histoire de l’université pendant le cours de son rectorat, à l’aide des notes et des pièces que le doyen de chaque faculté lui remettrait. Oh ! quand nos cinq facultés formeront-elles un corps ? Quand auront-elles des délibérations en commun ? Quand chaque faculté élira-t-elle son doyen ? Quand les facultés réunies éliront-elles leur recteur ? Déjà M. Royer-Collard, quand il était président de la commission de l’instruction publique, a demandé, en 1816, à la faculté des lettres de désigner des candidats pour le décanat. Le savant géographe M. Barbié du Bocage fut ainsi nommé, ayant été désigné par ses pairs, primus inter pares. A-t-on vu que ce mode de

  1. Ces prix sont établis par les articles 204-213 de la loi de 1815 sur les universités.
  2. Je dois à la munificence de l’université d’Utrecht une collection complète de ses Annales depuis 1815, où j’ai rencontré plus d’une dissertation précieuse pour l’histoire de la philosophie ancienne.