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litiques, de mœurs et d’institutions, tant qu’il existera une double barrière de douanes, l’association ne sera jamais entière ni à l’abri d’un retour. Les fleuves, au contraire, et les montagnes ne sont pas des obstacles aux rapports des nations, et il suffit de supprimer les douanes des frontières pour qu’il n’y ait plus entre elles de Pyrénées.

La France n’est ni complètement enfermée dans les terres, comme la Prusse, ni, comme l’Angleterre, isolée au milieu des mers. Elle a ses frontières politiques engagées dans le continent, et ses frontières fiscales ouvertes à l’Océan ainsi qu’à la Méditerranée : le continent pour s’appuyer, la mer pour se mouvoir. Entre le nord et le midi, l’orient et l’occident, la France occupe une position centrale. En regard de chaque frontière de terre, elle présente une frontière de mer, l’Océan en face des Alpes, et à l’opposite de l’Allemagne la Méditerranée, comme pour indiquer le chemin naturel, la voie que suivront dans leurs migrations les peuples, les denrées et les idées.

Par la disposition de son territoire, par le caractère de ses habitans et par la nature de ses institutions, la France sert de lien aux peuples. Elle met en communication avec l’Angleterre et l’Amérique, la Suisse, une partie de l’Allemagne et la Haute-Italie ; avec l’Italie, l’Espagne et l’Afrique, la Belgique, la Suisse et l’Allemagne. Des fleuves navigables, comme de grandes artères, marquent les principales divisions de sa surface, et les pentes y sont presque partout assez ménagées pour que l’on puisse établir des canaux et des chemins de fer. Les mœurs elles-mêmes sont perméables, et facilement accessibles aux influences du dehors. C’est véritablement un pays de transit.

Parmi les états voisins, il en est que l’on peut considérer comme les affluens de la France, et auxquels son histoire la rattache non moins que ses intérêts actuels. Du côté de l’Angleterre, la rivalité a fait place à l’émulation ; l’Allemagne est le champ de bataille où le nord et le midi s’entrechoquent, et nous tendons plutôt à nous en dégager, à fixer des limites toujours indécises, qu’à nous agréger telle ou telle partie du territoire allemand ; l’Italie est la terre promise des Gaulois, terre qu’ils ont envahie et possédée, mais qu’ils ne savent pas garder. L’Angleterre, l’Allemagne et l’Italie sont donc les affinités éloignées de notre politique. En revanche, la