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l’indépendance de la Belgique, et lorsqu’il a signé le traité de la quadruple alliance, destiné à protéger dans la Péninsule la cause de la révolution. Mais il n’a rien fait encore que de concert avec la Grande-Bretagne, et n’a point paru soupçonner qu’il y eut pour la France une action spéciale, le rôle d’un chef de famille à remplir.

Ce rôle ne consiste pas seulement à unir par des liens plus étroits à la France les autres membres de l’association, mais à les associer également entre eux, à former de toutes ces forces un faisceau, et à faire que chacun des quatre peuples, et le plus faible ainsi que le plus fort, pèse dans les destinées de l’Europe comme cinquante millions d’hommes.

Avant la révolution de juillet, l’on n’eût conçu cette alliance que sous une seule forme. Quelque négociateur de la vieille école eut regardé comme un beau succès de stipuler que les parties contractantes auraient désormais les mêmes amis et les mêmes ennemis. Ce n’est plus ainsi que les nations se rendent redoutables. À une époque où le travail des peuples est d’ailleurs tout intérieur, les alliances doivent prendre la même direction, associer non les haines, mais les progrès.

La conquête n’est, en définitive, qu’une forme violente d’association ; c’est la force employée à l’agrandissement des intérêts. Le même résultat peut s’obtenir à moins de frais, en épargnant le sang, le temps et l’argent. Il suffit de supprimer les lignes de douanes pour faire de plusieurs peuples un seul et même intérêt, et pour agrandir cet intérêt de tout l’espace rendu libre devant chacun d’eux. En suivant les indications du passé, nous proposons de prendre la France pour centre d’une association commerciale qui grouperait, autour de ce foyer d’action, la Belgique, la Suisse et l’Espagne ; les douanes intermédiaires seraient supprimées ; les frontières extérieures seraient communes aux quatre peuples associés ; un seul et même tarif d’échange réglerait leurs relations avec l’étranger ; enfin le cercle de la nationalité s’élargirait, et, dans l’enceinte de l’association, chaque peuple et chaque individu jouiraient partout des mêmes droits. Ce serait l’union du midi.

On aperçoit, au premier coup d’œil, les avantages de ce système. Il achève de détruire l’édifice élevé par les traités de Vienne ; la question des frontières, la première dans l’ordre politique,