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REVUE DES DEUX MONDES.

D’un seul coup ils l’ont mis à bas,
Et lié sur une charrette,
Comme un faussaire qu’on arrête.

Sur le dos il est renversé,
Il est bâtonné, fracassé ;
Puis à tous les vents on l’expose,
Tournant, tournant sans nulle pause.

Pauvre Grain-d’Orge ! Il faut les voir
Remplir d’eau froide un grand trou noir,
Et, sans nul respect de son âge,
L’y jeter, — enfonce ou surnage !

Voilà qu’on l’a tiré de l’eau
Pour le torturer de nouveau.
Il donne encor signe de vie !
On le secoue avec furie !

Sur la flamme alors ses bourreaux
Brûlent la moelle de ses os ;
Puis un meunier en fait sa proie,
Entre deux pierres il le broie.

Ils ont pris le sang de son cœur,
Ils l’ont bu chantant tous en chœur !
Et plus ils boivent à la ronde,
Plus dans leurs yeux la joie abonde.

Jean Grain-d’Orge avait, il le faut,
Un sang bien généreux, bien chaud ;
Car, prenez-en la moindre goutte,
Son ardeur en vous passe toute.

L’homme oublie alors son chagrin,
Son bonheur même est plus serein ;
La larme aux yeux encor brillante,
La veuve entend son cœur qui chante !

À Jean Grain-d’Orge une santé !
Buvons à sa postérité !
Qu’elle soit féconde et précoce
À jamais dans la vieille Écosse !


Il me reste à parler des poésies amoureuses et lyriques de