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tion monarchique ; la royauté sera presque toujours battue sur des questions politiques, lorsque ses agens, dans l’ordre administratif, recevront peut-être des attributions nouvelles. L’on ne réclamera pas, pour les conseils-généraux, le droit de proposer le classement d’une route vicinale ; mais on exigera pour les chambres celui de sanctionner les traités : l’on trouvera fort simple que les préfets imposent d’office les communes ; mais si le roi voulait une garde, on ferait acte d’indépendance en la lui refusant.

Libre d’engagement politique, quels que soient mes affections et mon respect pour les personnes, j’ai droit d’énoncer ma pensée tout entière, et j’en use avec la conviction que je remplis un devoir. Comment méconnaître que déjà toutes ces tendances se révèlent, et qu’on a manifestement demandé à la bourgeoisie ce qu’il lui répugne de donner ? Vous voulez des lois contre l’émeute des rues, en voilà ; vous en voulez contre l’émeute morale réfugiée dans les journaux, en voici encore ; vous voulez une protestation contre un immense scandale, la France entière vous la donne, encore qu’elle puisse être inutile. Elle est peu touchée des argumens ramassés dans la poussière de la salle des Pas-Perdus. Tenez pour certain que dans cette grave circonstance son assentiment est acquis, sinon à la forme, du moins au principe de votre loi ; mais arrêtez-vous, ne mettez pas les croyances monarchiques à l’épreuve ; ne faites pas un dogme de ce qui n’est qu’un intérêt ; que la royauté ne cherche pas dans les prestiges impuissans de l’antique monarchie une force qui repose exclusivement, pour elle, sur l’ordre matériel et la régularité administrative ; qu’elle accepte la situation comme Casimir Périer l’avait entendue, car c’est lui qui l’a fondée, et c’est sa pensée seule qui a fait notre force et notre salut.

En résumé : le gouvernement par l’opinion publique, et l’administration par le pouvoir ; l’initiative à celle-là sur toutes les questions politiques, à celui-ci sur tous les intérêts matériels : tel est le symbole de l’école bourgeoise, qui n’est rien moins que révolutionnaire sans être pour cela monarchique.

Deux élémens combinés constituent la bourgeoisie considérée comme puissance sociale : l’industrie et la science, l’influence qu’assurent les capitaux et le droit prépondérant que réclame l’intelligence. Jusqu’au 13 mars 1831, la lutte fut entre la démo-