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REVUE DES DEUX MONDES.
Deux jetées et ouvrages accessoires au débouché du canal sous Péluse 
1,000,000
Travaux de creusement, écluses, digues, balises, dans le chenal et la rade de Suez 
2,500,000
Coût total 
9,287,000 francs.
Sur un développement de :
Canal de la mer Rouge aux lacs amers 
11,000 toises
Lacs amers 
20,500
Canal de dérivation à la Méditerranée 
34,000
Développement total 
65,500 toises.
ou
130,500 mètres.
CHEMIN DE FER DU KAIRE À SUEZ.

Des ingénieurs français avaient fait le projet du canal, des ingénieurs anglais se sont occupés de celui du chemin de fer. En 1833, le pacha d’Égypte, animé par ses triomphes récens contre le sultan, et parvenu au faîte de sa puissance, conçut le projet de deux grandes entreprises, car, dans l’esprit des musulmans, les triomphes guerriers doivent toujours être le prélude de quelque victoire contre la nature extérieure. Mohammed-Ali voulut dompter le Nil et le désert ; il résolut d’exécuter le barrage et le chemin de fer de Suez. Le pacha, qui a l’intelligence des choses d’Occident, et qui sait bien que l’industrie métallurgique est plus avancée en Angleterre qu’en France, voyant d’ailleurs que les Anglais offraient les fers à meilleur marché, confia l’exécution du chemin de fer de Suez à un ingénieur anglais, Galloway-Bey, dont le frère, négociant à Alexandrie, obtint la fourniture des rails. On se contenta d’indiquer quelques travaux de déblai et de remblai, d’après la distance généralement admise entre le Kaire et Suez, on évalua le nombre de rails, et l’on présenta le devis au pacha, qui l’agréa.

Nous avons parcouru le désert du Kaire à Suez, et il nous semble que la possibilité du chemin de fer ne peut plus aujourd’hui être l’objet d’aucun doute ; vous verrez même, par la topographie que nous allons donner, qu’il n’est pas de localité plus propre à recevoir une ligne de chemin de fer, et qui exige moins de travaux pour son installation.

En sortant du Kaire par Bab-el-Touloun, on traverse des jardins ; on laisse à gauche l’emplacement où campent les caravanes de pélerins ; on se détourne, au nord, pour faire des provisions d’eau à un petit village, sur la lisière du désert ; l’on traverse ensuite une plaine dont l’inclinaison est du sud-est au nord-ouest, et qui se termine au sud-est par de petites collines derrière lesquelles passe la route plus élevée, mais plus courte, que suivent ordinaire-