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REVUE DES DEUX MONDES.

8o Les proverbes danois de Pierre Lolle, accompagnés d’une traduction latine en vers léonins ;

9o Facetus, espèce d’enseignement proverbial, de civilité puérile, sans esprit et sans portée, écrit en vers latins.

À cette série de livres, dont l’usage fut interdit au XVe siècle par Chrétien II, succéda :

1o Fundamentum in Grammatica, composé par Pierre Albertsen, vice-chancelier, qui s’empara avec habileté de ce qu’il y avait de meilleur dans le Doctrinale, le Græcismus et le Labyrinthus ;

2o Epistolæ magni Curci, lettres fictives mêlées de quelques notices éparses d’histoire et de géographie. Aux XVe et XVIe siècles, elles furent employées dans toute l’Allemagne comme modèle de style ;

3o Fasciculus Morum, de Henri Boort, imprimé à Cologne en 1517 ;

4o Horticulus Synonimorum, de Henri Faber, imprimé à Copenhague en 1520.

5o Vocabulorium ad usum, ducorum ordine litterario, cum eorum vulgaria interpretatione, imprimé à Paris en 1510.

Tels étaient les livres que la jeunesse de Danemark devait étudier ; et Worm dit que le temps des études durait quinze à vingt ans. Au sortir de là, les élèves qui avaient vieilli dans cette laborieuse recherche des subtilités scholastiques pouvaient entrer dans le clergé ou dans la magistrature ; mais les progrès qu’ils avaient faits dans le Doctrinale n’étaient plus alors qu’un titre de recommandation secondaire. Les nobles l’emportaient toujours sur les hommes du peuple. Les nobles possédaient les meilleures prébendes, et pour obtenir un de ces heureux bénéfices, sur lesquels toute une école avait les yeux fixés, il n’était pas besoin pour eux d’apprendre tant d’hexamètres, ni d’approfondir les mystères philologiques du Labyrinthe, ou les ingénieuses combinaisons de la synonymie ; ils étaient nobles, et cela seul équivalait presque à un diplôme de bachelier. On cite dans l’histoire littéraire de Danemark un chanoine si ignorant, qu’il ne pouvait pas même signer son nom.

Mais au XIIe, au XIIIe siècle, l’université de Paris était célèbre dans le monde entier ; la réputation d’un Pierre Lombard, d’un Champeaux, d’un Abélard, y attiraient sans cesse une foule d’étrangers. L’université de Paris était, comme les savans du moyen-âge l’ont dit dans leur langage emphatique, le plus beau bijou de la fiancée du Christ, l’arsenal où l’on forgeait l’armure de la foi et le glaive de l’esprit ; c’était la clef du christianisme, le paradis de l’église universelle, le temple de Salomon, la sainte Jérusalem, l’arbre de vie dans le jardin terrestre, la lampe resplendissante dans la maison de Dieu[1]. Le recteur de cette université, dit un écrivain

  1. Bulœi, Hist. univ. Paris.