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COLONIES.

Des diverses Tentatives d’Émancipation.

Mon point de départ sera un lieu commun ; et je l’avoue sans honte, car je tiens que les vérités anciennes, claires et incontestées, ne sont pas les moins bonnes. Celle que je présente ici, comme la base de tout mon système, peut s’exprimer en ces termes vulgaires : « On ne doit donner la liberté qu’aux hommes qui sont capables d’en user convenablement. »

Si cet axiome n’a pas besoin d’être prouvé, il est également vrai que lui-même ne prouve rien, tant qu’on le laisse à l’état de formule générale et vague, tant qu’on ne précise pas la nature et l’importance relative des diverses garanties qu’il faut exiger en échange de la liberté.

Ces garanties ne peuvent être que de deux sortes, générales ou individuelles ; et il y a cette grande différence entre les premières et les secondes, que les unes sont toujours incertaines, difficiles à constater, tandis que les autres ne laissent prise ni au doute, ni à l’erreur.

Comment, en effet, apprécier avec justesse le degré de développement d’un peuple ? Comment reconnaître si le point qu’ont atteint quelques hommes est le niveau commun de la masse ? Comment échapper aux détails pour saisir l’ensemble ? Comment établir, sur des données aussi vagues, une moyenne de quelque valeur ?

Qu’il est plus aisé d’avoir à faire à un seul individu, de concentrer sur lui son attention, de chercher dans ses habitudes d’ordre, de travail, dans sa conduite entière, la preuve de son avancement intellectuel et moral !