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VICO ET SON ÉPOQUE.

gularité scientifique de son histoire de l’autorité, il rejetait parmi les mythes l’existence de Romulus, et commençait cette critique qui finit par trouver une légende populaire dans l’histoire des rois de Rome.

Ici se termine le long travail du Droit universel. De tant de faits rapportés à l’histoire de Rome résultait l’uniformité de toutes les histoires. Vico saisit ce principe dans la Science nouvelle, dès-lors une grande révolution est accomplie pour lui, et il laisse tomber un regard de compassion superbe sur la foule des philosophes et des érudits. Qu’ont fait Grotius, Platon, tous les philologues ? L’un n’a été qu’un véritable démolisseur du droit des gens ; il a critiqué la jurisprudence romaine, parce qu’il ne l’a pas comprise ; les philosophes ont voulu régénérer les hommes, comme si leur mission d’un jour pouvait troubler le cours de l’autorité ; quant aux philologues, ils ont recueilli des dates, les traditions, les faux bruits de l’antiquité, comme si c’était de l’histoire. Posez au milieu de cela le type de l’histoire idéale, il va devenir le criterium de toutes les vérités, de toutes les traditions ; il fera justice des prétentions de la philosophie et des rêves de la philologie.

Il est inutile de dire que l’histoire idéale n’est qu’une pâle image de l’histoire romaine : elle parle la langue des XII tables et celle de Tacite ; seulement elle a oublié quelques noms propres et quelques localités. Nous nous bornerons donc à la voir aux prises avec les derniers problèmes qui se présentèrent à Vico.

i. Il y a des traditions qui rattachent à un peuple, aux Grecs, aux Égyptiens, la civilisation des autres nations ; ce sont des démentis à l’histoire idéale qui doit se réaliser tout entière dans chaque nation. Comment conserver l’intégrité du type éternel si la religion de Jupiter a été transmise par les Égyptiens aux Grecs et aux Italiens ? tous ces Hercule, répond Vico, ces Mercure, ces Jupiter qu’on trouve chez les peuples d’Occident, et qui semblent dériver d’une même origine, ne sont que des symboles originels, ils se ressemblent parce que toutes les histoires et toutes les langues se ressemblent, mais ils n’ont passé d’un peuple à l’autre qu’à l’époque où le commerce a montré aux nations les mystérieuses analogies de leurs traditions populaires. Il y a eu alors des historiens, des poètes qui ont voulu s’expliquer ces analogies, et l’on a imaginé les voyages d’Énée, d’Hermès, de Bacchus, etc., qui ont rattaché à l’Égypte, à la Grèce et à d’autres nations l’origine de la civilisation.

ii. On attribue d’ordinaire l’origine des lois et des arts à des philosophes et à des législateurs : en effet, dans l’antiquité on voit Pytha-