parti bonapartiste ? De quelques jeunes gens audacieux qui rêvent une France faite pour eux, et qui s’adressent à un parti aussi faible que le leur, au parti républicain, pour fonder le despotisme militaire. Certes, cette association d’idées n’est pas bien dangereuse en France, à l’heure qu’il est ; mais si quelques têtes exaltées s’efforçaient d’y répandre le trouble, ne serait-ce pas le devoir du gouvernement de s’opposer à leurs desseins ? Si quelque jeune membre de la famille de Napoléon, n’ayant encore pour toute illustration que le nom qu’il porte, se figurait qu’en usant d’indulgence pour sa jeunesse, le gouvernement de 1830 n’avait d’autre motif que la crainte de voir tous les anciens généraux de l’empire se soulever dans la chambre des pairs à la seule idée de juger un accusé de ce nom, ne serait-ce pas une salutaire leçon, donnée à ce petit parti et à son chef, que ce procès devant la chambre des pairs ? Sans doute de pareilles considérations ne sauraient motiver une telle mesure ; mais le procès une fois entamé, elles s’élèvent naturellement aux yeux de ceux qui en examinent les conséquences politiques. Après une tentative telle que celle de Strasbourg, on ne pouvait laisser passer inaperçue une relation aussi inexacte de cette affaire. On ne pouvait non plus laisser s’établir dans les esprits la pensée que, sans quelques petites circonstances fortuites, la France devenait l’empire d’un jeune homme qui lui est totalement inconnu. Il fallait aussi ôter à ceux-là même qui forment de tels complots les illusions qui les portent à troubler si audacieusement la tranquillité de la France. Ce triple but sera sans doute atteint par le procès qui s’instruit en ce moment à la cour des pairs ; et, quelle qu’en soit l’issue, il n’en résultera, selon nous, qu’un fait fâcheux, c’est celui qui résulte de l’intérêt et des sympathies qu’excitent toutes les affaires de ce genre, de la part de l’opposition qui se dit attachée aux institutions que possède la France de 1830.
Nous venons de faire mention d’un nouvel écrit de M. Duvergier de Hauranne. Les journaux de diverses couleurs qui sont d’accord pour blâmer le ministère d’avoir entamé le procès de la cour des pairs, sont aussi d’accord pour louer l’écrit de M. Duvergier de Hauranne. Une lecture rapide des fragmens qu’ils publient, nous fait voir que cette publication n’est que la conséquence du plan suivi par les doctrinaires, depuis leur sortie du ministère. Il consiste à blâmer, dans la presse, le pouvoir de tout ce qu’il fait, et dans la chambre, à entraver tous ses actes. Cette marche méthodique demande quelque talent, car il faut couvrir les désappointemens de l’ambition par des faux semblans de principes, et justifier des contradictions de tous genres. Un journal, qui fait partie de l’opposition, ne s’y trompe pas, et tout en citant le dernier écrit de M. Duvergier, en déclarant que ses vues sont excellentes, il recommande à ses lecteurs de se défier de l’écrivain. « Nous n’avons pas confiance dans les doctrinaires, dit-il, ils cachent toujours une partie de leurs opinions, et lorsque le parti était au pouvoir ou lorsqu’il se croyait à la veille d’y revenir, nous ne lisions pas, dans les journaux doctrinaires, ces fières protestations en faveur du pouvoir parlementaire. « — En ce temps-là, c’était, en