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DE
L’ÉGLOGUE LATINE.

PREMIÈRE PARTIE.

L’époque tardive de l’apparition de la pastorale dans la littérature latine, comme dans la littérature grecque, ne doit autoriser aucune conclusion contre l’ancienneté de ce genre de poésie, dont l’origine remonte en effet bien haut. Mais il importe de distinguer la pastorale naturelle et populaire de la pastorale littéraire et artificielle.

Dans certains lieux comme l’Arcadie, la Sicile ou la grande Grèce, les loisirs des bergers, les fêtes rustiques, les récoltes, les vendanges et une certaine inspiration musicale et poétique ont produit, de bonne heure, des chansons en monologues ou en dialogues, agrestem musam, comme dit Lucrèce. Virgile et Horace racontent de même l’origine de la poésie latine ; ils la font naître chez les anciens pasteurs et laboureurs de l’Ausonie. Le dialogue fescennin, amusement des moissons et des vendanges, duquel sortit la comédie, était déjà une sorte de pastorale fort semblable au carmen amœbeum. Il est bien inutile de chercher les inventeurs de ce genre ; il est né tout seul, il s’est naturellement perpétué, il a eu ses poètes anonymes, simples bergers, dont quelques-uns sont devenus depuis des personnages fabuleux. Ce genre était si ancien, qu’on l’a attribué à tous les dieux qui