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LE PRINCE LOUIS
DEVANT
La Monarchie de 1830.

Voici un nouvel incident dans nos affaires politiques, c’est le napoléonisme. On peut se rappeler que, dès le moment où les émeutes disparurent, on entendit gronder sourdement le mot de révolutions militaires. Ce n’était plus le peuple qu’invoquaient les débris des partis, mais l’armée ; non plus la liberté, mais la gloire ; non plus la république, mais la résurrection de l’empire. On tenta d’improviser une religion politique avec des souvenirs et des regrets : on voulut amalgamer les éléments les plus contraires, les opinions démagogiques et les traditions de la grande armée ; on offrit à tous les mécontentemens le ralliement et le drapeau du napoléonisme.

Ces chimériques fantaisies amenèrent l’échauffourée de Strasbourg du 30 octobre 1836. La France entra dans un grand étonnement quand elle apprit qu’un matin un jeune homme s’était présenté dans une caserne pour demander à quelques soldats qui paraissaient aux fenêtres la couronne de France. L’opinion fut unanime pour déclarer l’idée folle et l’action ridicule.

Le verdict des jurés de Strasbourg, si étrange qu’il ait été, n’a pu ôter à l’évènement du 30 octobre son caractère de puérile démence. Les jurés voulurent le triomphe non pas de l’insurrection, mais d’un principe ; on peut blâmer l’application qu’ils ont entendu faire d’une vérité constitutionnelle, l’égalité devant la loi ; mais toujours leur déclaration n’autorise pas à les prendre pour des fauteurs de conspi-