prince a été animé. M. le duc de Nemours a eu le bonheur de voir plusieurs fois le feu de l’ennemi, et c’est un genre de bonheur dont peu de jeunes gens de son âge peuvent se glorifier aujourd’hui. Sa carrière commence, celle du maréchal Soult ne finit pas encore ; mais elle a été longue, et il a été donné à peu de princes et à peu de généraux, même au temps de ces grandes guerres où le maréchal Soult s’est illustré, d’acquérir une renommée aussi haute. Comment donc M. le duc de Nemours pourrait-il être choqué des triomphes bien légitimes du maréchal, que le roi lui-même a préparés en envoyant le duc de Dalmatie à Londres, en qualité de son ambassadeur extraordinaire ? N’a-t-on pas vu, depuis quelques années, les fils du roi rendre hommage, en toute occasion, à cette grande et vieille gloire du maréchal Soult, et se placer à ses côtés dans les instans périlleux où l’énergique soldat de l’empire est allé en personne réprimer la révolte et combattre l’anarchie ? Les écrivains légitimistes qui font de telles réflexions, et qui souffrent au fond, plus que personne, de l’accueil fait à un officier de fortune, à un maréchal sorti des rangs de la révolution, sont ceux qui énuméraient récemment, avec joie, les forces de la Russie, et appelaient le Nord à venir rétablir l’ordre en France. Il est donc assez naturel qu’ils ne puissent bien juger des sentimens d’un jeune prince français à la vue de l’enthousiasme que produit parmi les étrangers un soldat de la France.
D’autres feuilles, d’un parti opposé, ont reproduit une prétendue circulaire du ministre de l’intérieur, au sujet de la gendarmerie départementale. D’après cette pièce, la gendarmerie serait chargée de surveiller la presse, de réprimer ses délits, et de faire en quelque sorte l’office du procureur du roi. Le ministre de l’intérieur s’est hâté de faire démentir ces allégations ; il eut suffi, pour toute réponse, d’envoyer aux journaux en question les circulaires véritables de M. de Montalivet, et entre autres l’excellente circulaire sur les prisons, qu’il vient d’adresser aux préfets des départemens, pièce qui montre assez dans quel esprit il dirige son administration. Cette instruction prescrit les soins les plus minutieux à l’égard du régime des prisons ; elle oblige les préfets à visiter les prisons plus d’une fois par an ; elle impose des inspections encore plus fréquentes aux maires, et admoneste ceux qui ne paraissent pas mensuellement dans les maisons de détention. Il est impossible de provoquer avec plus de sollicitude des changemens favorables dans cette partie de l’administration, et tous les termes de cette circulaire, œuvre d’une philanthropie éclairée, font un véritable honneur à M. de Montalivet. De tels actes rempliront bien l’intervalle d’une session, et préparent la loi sur les prisons que le ministère se propose de présenter au commencement de la session prochaine.