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règne de Gustave Wasa, en 1523, que l’on commença à recueillir ces actes. Quelques années après, on joignit à cette première collection les recueils épars des chapitres et des abbayes. C’est ainsi que furent formées les archives de la nation. Sous le règne de Gustave-Adolphe, elles s’accrurent considérablement par les recherches de quelques hommes zélés, qui parcouraient le pays pour rassembler tous les documens officiels disséminés dans les villes et dans les campagnes. Elles ont été, depuis, classées avec ordre, administrées avec soin.

L’histoire de Suède ne commence à être réellement connue qu’à partir du règne d’Éric-le-Saint, qui vivait vers le milieu du XIIe siècle. Les premières chroniques de couvent ne furent écrites qu’au XIIIe siècle : on n’étudia que quatre siècles plus tard les livres islandais.

Un des principaux documens historiques sur les premiers temps du christianisme est la généalogie des rois de Suède, jointe à l’ancienne loi de Vestrogothie. Elle commence à Olaf Skœtkonung (an 1000) et se termine à Jean Ier, (1616) ; elle renferme une biographie de chaque roi, écrite avec justesse et précision.

Sous le règne de Magnus Smek (1319), un poète, dont on ignore le nom, composa une chronique en vers des rois de Suède ; elle fut continuée successivement par cinq autres poètes, jusqu’au règne de Chrétien II. C’est, comme toutes les chroniques rimées du moyen-âge, un froid récit des évènemens de chaque règne ; mais elle renferme un grand nombre de documens, et on la lit encore avec intérêt. Messenius en publia une partie en 1616 ; Hadorph en a donné une nouvelle édition, plus étendue, en 1674. Les éditeurs des Scriptores l’ont imprimée en entier dans le premier volume de leur collection.

Celui qui a écrit la première partie de cette chronique a cherché, dans les temps lointains, l’origine de la monarchie suédoise. Son poème commence ainsi :

« Que Dieu le père, et son fils, et le Saint-Esprit, gardent la Suède de tout malheur ! Que la Vierge Marie, la chaste mère de Dieu, avec les puissances célestes, la préservent de tout désastre ! Que la Suède soit heureuse et paisible, et suive fidèlement la loi du Christ ! Les Suédois descendent d’un digne homme, de Japhet, troisième fils de Noé. Ce fut lui qui protégea son père, quand il était couché. Voilà pourquoi Dieu le bénit ainsi que son frère. Les Suédois ont hérité de cette bénédiction et la garderont à jamais, si Dieu leur en fait la grace. Après le déluge, Cham s’empara de l’Afrique, Sem de l’Asie, et Japhet de l’Europe. Il avait un fils qui s’appelait Magog. Ses descendans arrivèrent d’abord en Allemagne, puis ils devinrent rois de Suède. La Suède est le meilleur pays que l’on puisse trouver au monde ; Dieu lui a donné de nobles hommes et de saintes femmes. Qu’il en soit loué éternellement ! »

Plus loin il dit : « Les Suédois ont les plus beaux chevaux du monde ; ils ont des villes, des forêts et du gibier de toute sorte, des biches, des cerfs et des oiseaux, plus qu’on n’en trouve partout ailleurs ; car il n’y a point de pays comparable à la Suède. Dieu le père lui a donné des montagnes, des lacs, des bois et de la mousse, en sorte que, si les Suédois le voulaient, ils n’au-