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prendre toutes les richesses de ces archives Scandinaves si long-temps dédaignées. Alors Olaf Verelius et Olaf Rudbeck traduisent quelques-unes des principales sagas. Salanus, Olofsson, suivent leur exemple. Biœrnes rassemble, dans ses Nordiska Kœmpadater, les contes guerriers et romanesques du Nord. Peringskiœld publie la Heimskringda de Snorre, et Gœransson s’essaie à traduire l’Edda. Malheureusement cette étude, entreprise avec tant de zèle, ne fut pas dirigée comme elle aurait dû l’être. On adopta sans difficulté des sagas qui méritaient peu d’être publiées ; on employa des manuscrits incorrects, et on les traduisit négligemment. Puis les théories historiques de Jean Magnus avaient porté leur fruit, et les campagnes glorieuses de Gustave-Adolphe, le grand rôle que la Suède avait joué dans ses dernières guerres éveillèrent, au fond des cœurs suédois, un sentiment de fierté nationale que l’on voulait justifier par l’histoire. On trouva que commencer les annales de Suède à l’arrivée d’Odin, c’était trop de modestie ; que distraire de ces annales celles des Goths et des Lombards, c’était une puérilité. On remonta donc jusqu’à l’histoire grecque et jusqu’à la Genèse. Les généalogistes voulurent prouver la parenté des principales familles vivantes avec celles des anciens héros, et les antiquaires déclarèrent que le royaume de Suède était aussi vieux que le monde. L’évêque Bang écrivit une histoire ecclésiastique où il disait que les patriarches antérieurs au déluge avaient habité la Suède. Gœransson établit une chronologie de rois, depuis l’an 2200 avant Jésus-Christ jusqu’à l’année 1749, et Rudbeck employa des trésors de science et d’érudition pour démontrer que la Suède était l’Atlantica de Platon[1].

  1. Atlantica ou Manheim, patrie des descendans de Japhet. De là sont sortis les empereurs les plus illustres, les races royales qui ont gouverné le monde et une quantité de peuples, tels que les Scythes, les Barbares, les Ases, les Géans, les Goths, les Phrygiens, les Troyens, les Amazones, les Thraces, les Libyens, les Maures, les Turcs, les Gaulois, les Cimbres, les Saxons, les Germains, les Suèves, les Lombards, les Vandales, les Hérules, les Gépides, les Allemands, les Angles, les Pictes, les Danois, les Sicambres, et plusieurs autres dont il sera fait mention dans l’ouvrage. Tom. I, Upsal, 1673, 891 pages.

    Atlantica ou Manheim. Tableau du culte du soleil, de la lune et de la terre ; comment ce culte a commencé en Suède parmi les habitans des bords de Kimmi ; comment il s’est répandu dans la plus grande partie du monde : toutes choses démontrées par les historiens étrangers, ainsi que par les nôtres, et par d’anciens récits énigmatiques dont on n’avait pas encore trouvé l’explication jusqu’à présent. À ce tableau est jointe la preuve que, d’après le cours du soleil et de la lune, les diverses phases de l’année ont été calculées ici plus tôt que partout ailleurs, et plusieurs autres choses remarquables qui étaient restées jusqu’à ce jour entièrement inconnues. Tom. II, Upsal, 1689, 672 pages.

    Atlantica ou Manheim. Description de l’écriture primitive de nos pères sur la pierre, sur le bois, sur la peau. Temps où elle a commencé. Nombres d’or pour chaque année. Origine et signification de nos signes astronomiques. Comment ils sont parvenus aux Grecs et aux Latins. Les six premiers âges après Noë. Première organisation de notre monde atlantique. Migrations et guerres sous Saturne ou Borée et sous son fils Jupiter ou Thor. Expéditions dans la Scythie indienne et dans la Phénicie, ou terre de Judée. De nos Scythes, de nos Phéniciens, de nos Amazones, et de plusieurs curieux problèmes dont on avait ignoré le sens jusqu’à présent. Tom. III. Upsal, 1698, 762 pages, imprimé à deux colonnes, le latin d’un côté et le suédois de l’autre.