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ESPRIT
DE
LA SESSION DE 1838.

Les faits qui remplissent la session de 1838 ont laissé dans la mémoire du public une empreinte toute récente, et depuis un mois aussi ils ont été reproduits, classés et commentés par les diverses opinions qui se partagent la presse. Il n’y aurait donc pas d’à-propos à recommencer ce récit, mais peut-être ne sera-t-il pas inutile, en s’abstenant tant de statistique que de passion, d’essayer un jugement précis et calme sur les six premiers mois de cette année, sur un passé qui, hier encore, était le présent, et qui n’a disparu de la scène que pour appartenir à l’examen de la raison publique.

Quand la dissolution fut prononcée l’année dernière, le pays fut satisfait et les partis un peu surpris. Cette décision d’une hardiesse judicieuse congédiait une chambre fatiguée, qu’une plus longue existence aurait mortellement embarrassée ; elle provoquait le corps électoral à faire du parlement qu’il allait élire l’expression des nouvelles dispositions de la France ; elle prenait au dépourvu les partis, et leur ôtait le temps de mettre en jeu leurs combinaisons passionnées. En agissant ainsi, le pouvoir exécutif usait de ses droits et faisait son devoir. Des élections générales sont toujours, pour un pays, une émotion forte, quelquefois périlleuse, que tout gouvernement