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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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31 juillet 1838.


Les affaires extérieures appellent toute la vigilance du gouvernement français, et jamais la prudence, unie à la fermeté, ne furent plus nécessaires pour les diriger. Il est facile d’attaquer un ministère, de l’accuser de faiblesse, d’incertitude, de lui reprocher une tendance opposée à nos institutions, de le blâmer vaguement de son système en même temps qu’on soutient qu’il n’a pas de système à lui ; c’est la tâche habituelle de l’opposition, et elle la remplit à merveille. Pendant ce temps, le ministère fait la sienne en maintenant le calme dans le pays contre les tentatives de tous genres par lesquelles on s’efforce de le troubler, en redoublant d’activité dans la direction des affaires extérieures. C’est ainsi qu’il se prépare à se présenter devant les chambres dans la prochaine session.

Les journaux retentissent depuis quelque temps des mouvemens de troupes qui se font en Prusse. L’ordre donné par le gouvernement prussien de faire rejoindre les réserves, et de mettre sur le pied de guerre un corps d’armée qui se joindra à l’armée fédérale, occupe tous les esprits. Il paraît certain, dit-on, que la Prusse se dispose à jouer vis-à-vis de la Belgique, pour les territoires du Limbourg et du Luxembourg, le rôle que la France a joué vis-à-vis de la Hollande pour la citadelle d’Anvers ; et les partis, qui ne demandent qu’un bouleversement en Europe, dans l’espoir d’en profiter pour réaliser leurs projets, se réjouissent d’avance de cette collision prochaine. Il y a loin cependant de quelques démonstrations de ce genre à la guerre, et la Prusse eut mis une armée entière sur le pied de campagne, que nous annoncerions encore, avec confiance, que la paix de l’Europe ne sera pas troublée de ce côté. Les paroles menaçantes de la Gazette d’Augsbourg, recueillies aujourd’hui avec empressement par quelques journaux de l’opposition, ne sont pas plus de nature à troubler notre confiance que le langage de ces journaux eux-mêmes. M. Molé, répondant à une interpellation de M. de Dreux-Brézé, dans la chambre des pairs, avait dit le 5 juillet : « On nous demande dans quel esprit nous dirigerons les négociations. Sera-ce pour ou contre la Bel-