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prime sur ce point, le discernement nécessaire n’ayant pas présidé au choix des individus, l’essai n’a pas eu le succès qu’on en espérait. Dès-lors toute introduction nouvelle a cessé, et le nombre des Indiens engagés dans la colonie a diminué d’année en année, la plupart d’entre eux étant retournés dans leur pays. Le 1er août 1837, on n’en comptait plus que 1,346 à Bourbon. Il paraît, toutefois, que de nouvelles tentatives doivent être faites par des habitans de cette île pour y importer des Indiens cultivateurs, qui seraient choisis alors sur les côtes du Bengale.

Il y a un conseil colonial à Bourbon, comme à la Martinique et à la Guadeloupe, qui se compose également de trente membres, parmi lesquels on ne cite pas un seul libre de couleur, pas un du moins qui soit de couleur et qui l’avoue ; car, pour ceux qui se sont classés parmi les blancs et y ont été reçus avec plus ou moins de complaisance, on en citerait auxquels ont été confiées des fonctions délicates et assez importantes.

Le nombre des électeurs du conseil colonial, en 1837, était de 1,145, et celui des éligibles de 443. On a négligé de nous apprendre s’il y avait, parmi les uns ou les autres, un seul mulâtre reconnu ; mais cette fois la chose importe moins.

Au reste, voici un renseignement qui touche de près cette question. Les libres de couleur figurent au nombre de 777 dans les 5,145 propriétaires d’immeubles qui existaient dans la colonie à la date des derniers renseignemens statistiques transmis au département de la marine ; ils possèdent environ le seizième des terres cultivées et 8,750 nègres, c’est-à-dire près du huitième de la population esclave. On ne compte que 68 personnes de leur classe parmi les 444 commerçans patentés.

L’effectif des milices de Bourbon, au 1er février 1837, s’élevait en totalité à 6,593 hommes, dont 5,024 blancs et 1,569 libres de couleur. Parmi les blancs on comptait 357 officiers, mais les libres de couleur en pouvaient montrer avec orgueil jusqu’à 21 ! C’est le premier résultat de ce genre qu’il nous ait été donné jusqu’ici de constater.

L’état de l’instruction publique à Bourbon nous offre, heureusement, encore plus de sujets de consolation et d’espérance. Il y avait, en 1837, dans ce service, le plus important de tous pour l’avenir et le plus négligé partout ailleurs, 71 personnes salariées, réparties entre le collége royal et les écoles primaires des deux sexes. Nous convenons que la situation de Bourbon, presque isolée au milieu de l’océan