nement toutes les fautes qu’il a commises. Ces fautes sont la clémence qu’il a montrée envers un jeune homme ivre de son nom et que les souvenirs glorieux qui s’attachent à ce nom ont mis deux fois à couvert de la juste rigueur qu’il s’était attirée ; c’est l’esprit de légalité qui a fait juger M. Laity comme l’auteur de la brochure condamnée, tandis que toutes les présomptions s’élevaient contre M. Louis Bonaparte. Les journaux suisses, encouragés par les journaux de l’opposition, ont grossièrement traduit ces récriminations, et, de feuille en feuille, l’esprit de haine et de dénigrement contre le gouvernement français a passé dans les délibérations de la diète, qui a opposé, en réalité, une fin de non-recevoir à nos réclamations. L’opposition a remporté là un bien beau triomphe, elle doit s’en applaudir, et la France ne manquera pas de la remercier de son ouvrage.
Toutes les passions d’une assemblée populaire, excitée par des meneurs étrangers, ont éclaté dans la délibération de la diète helvétique, à l’occasion de la note de M. de Montebello. M. Kern, député de Thurgovie, a parlé en homme qui parle pour un canton, sans s’élever jusqu’aux idées générales et à l’intérêt commun de toute la confédération suisse. Pour lui, la qualité de citoyen du canton de Thurgovie est tout ; avec cette qualité-là on est à l’abri de toute recherche ; on peut venir, comme l’a fait M. Louis Bonaparte, planter le drapeau de la rébellion dans les villes voisines, se proposer comme souverain d’un grand état, répandre des pamphlets incendiaires ; la cocarde thurgovienne couvre tout, la protection de M. Kern et de ses concitoyens est une lettre-de-marque qui légitime toutes les entreprises ; le seul châtiment qu’on puisse encourir est ce blâme si mesuré et si doux, que le député de Thurgovie a bien voulu accorder pour toute satisfaction à la France : « J’aurais désiré que notre nouveau concitoyen eut resserré le cercle de son activité politique dans les limites de sa nouvelle patrie. » C’est aussi ce que la France exige ; mais il lui faut une autre garantie de l’exécution des vœux du député de Thurgovie, que ce simple désir exprimé en si bons termes.
Au reste, M. Kern connaît très bien l’historique des rapports entre la France et la Suisse. Il rappelle très exactement que l’article 5 du traité de 1828 a été aboli à la demande même du gouvernement de juillet, qui a voulu se reposer uniquement, sur la bonne foi et la bonne amitié du gouvernement fédéral, du soin de repousser les intrigues qui se feraient contre la tranquillité de la France, au sein du territoire helvétique. M. Kern connaît encore mieux, s’il se peut, la constitution de Thurgovie, qui déclare, article 17, que nul citoyen ne pourra être distrait de ses juges naturels ; c’est ce que dit aussi l’article 53 de la charte française ; mais il est une constitution antérieure à toutes celles-là, qui les confirme, loin de les contredire, constitution commune à l’Europe, au monde entier, et c’est justement celle-là, celle-là seule, que le député de Thurgovie semble ne pas connaître : cette constitution, c’est le droit des gens, qui dit que nul état ne doit tolérer dans son sein des actes qui pourraient compromettre la tranquillité de ses voisins.
La France a invoqué cette maxime, et la note de M. de Montebello, conçue