Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 15.djvu/678

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
674
REVUE DES DEUX MONDES.

The green-clad Isla, too, shall sink,
While, with the great and good,
Columba’s happier isle shall rear,
Her towers above the flood[1]. »

Cette prophétie avait cours dans toutes les îles du Nord. Huit rois norwégiens, ou plutôt huit vice-rois des Hébrides, quatre rois islandais et un roi de France dont la tradition n’a pas conservé le nom, avaient voulu être placés dans l’île privilégiée à côté des monarques écossais. Le cimetière d’Iona contenait donc les cendres de soixante-un rois et vice-rois, sans compter les dépouilles mortelles de plusieurs chefs des clans des îles ou des montagnes, qui regardaient comme un insigne honneur de placer leur pierre tumulaire à côté des sépulcres des rois.

L’endroit où sont ensevelis ces rois est entouré d’un mur ruiné en partie ; cette enceinte est placée au sud de la cathédrale ; on l’appelle Relig Ourain, ou le reliquaire d’Oran, du nom d’Oran, compagnon de Colum, en l’honneur duquel celui-ci avait fait bâtir une chapelle, qui s’élève encore au milieu du cimetière. Cette chapelle, le premier monument que Colum construisit dans l’île, au dire des légendes, est assez bien conservée. Elle renferme plusieurs tombes, dont quelques-unes sont de curieux monumens de la domination des Norwégiens dans les Hébrides. Sur l’une d’elles est gravé un navire pareil à celui qu’on voit dans les armes des rois norwégiens de l’île de Man. Près de la tombe norwégienne se dresse la pierre sépulcrale de Mac-Donald de Ilay et de Cantire, chef du nom, l’ami de Robert Bruce, et qui combattit avec lui à Bannockburn.

« Hic jacet corpus augusti filii, augusti domini Mc. Domhnill de Ilay. »

Telle est l’épitaphe du guerrier. Dans la même chapelle est placé le tombeau du fameux Allan-a-Sop, Allan de la Paille, ce bâtard de Mac-Lean de Duart dont Walter Scott nous a raconté l’intéressante histoire. Sur cette tombe est encore ciselée l’empreinte d’un vaisseau, sans doute parce que Allan de la Paille avait aussi commencé par être pirate ou roi de la mer.

Plusieurs chefs des diverses branches des Mac-Leans reposent aussi dans la chapelle d’Oran : Mac-Lean de Coll, armé de pied en cap et tenant une épée de la main gauche ; Mac-Lean de Duart, couvert d’une cuirasse, un bouclier à ses pieds et une épée de chaque main ; Mac-Lean de Lochast-buy,

  1. Sept ans avant ce jour funeste,
    Où tout, jusqu’au temps, doit finir,
    Un déluge doit engloutir
    L’Hibernie à la rive agreste,
    Et les vertes plaines d’Isla ;
    Tandis que l’île sainte où vécut Columba,
    Par un miracle préservée,
    Dominera les flots de sa tour élevée.