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INSTITUTIONS FINANCIÈRES.

merciales, tandis que celles-ci, multipliées par les facilités qui leur sont offertes, fourniront un emploi toujours utile à ces mêmes capitaux, et en préviendront l’engorgement dans les mains entre lesquelles ils restent aujourd’hui souvent inactifs.

En effet, dans l’état actuel du crédit, les capitaux ne se déplacent guère que par masses considérables ; ils ne se subdivisent qu’avec une peine extrême pour suivre le travail et l’industrie dans leurs dernières ramifications ; et quand ils y arrivent, ils ont passé par tant d’intermédiaires, qui tous les ont grevés de quelque prélèvement, que l’intérêt s’en trouve élevé énormément pour le producteur. L’Omnium, au contraire, les mettant immédiatement à sa portée, à un taux modique, le même pour tous, en multiplie ainsi l’emploi, en même temps qu’il attaque l’usure dans son principe même.

Il faut joindre à cet avantage celui de rendre productifs les capitaux stérilement déposés dans les caisses des banquiers et des commerçans dont ils forment le fonds de caisse, et dans les mains de tous ceux qui se déterminent à les garder, faute d’un placement commode ou exempt de risques. Échangés contre des effets de l’Omnium, effets toujours payables à un petit nombre de jours de vue dans les comptoirs de l’association, de plus réalisables à chaque instant par l’effet même de la circulation, et faisant dès-lors véritablement fonction de numéraire métallique, ces capitaux produisent un intérêt de trois pour cent, d’où résulte, dans la richesse publique et particulière, un accroissement notable. À quoi l’on doit ajouter encore que cet intérêt attaché aux effets de l’Omnium, les rendant préférables au numéraire métallique improductif pour ses possesseurs, activera la circulation de celui-ci, et par là même remédiera, en une certaine mesure, à la disproportion entre la quantité existante de ce numéraire et celle des capitaux mis en mouvement par l’industrie et représentés par le crédit.

Il servira aussi à simplifier les opérations d’un pays à l’autre, en faisant disparaître les différences des monnaies ramenées à une unité de convention, au moyen de laquelle les difficultés et les variations du change sont tellement réduites qu’on peut les considérer comme à peu près nulles dans la pratique ; car un effet de l’Omnium pris en France, par exemple, et toujours payable à quelques jours de vue en Angleterre, en Allemagne, en Italie, en Espagne, partout, en un mot, où il existe des comptoirs de l’association, et il en existe déjà dans les places principales de l’Europe entière ; cet effet représente une valeur invariable en monnaie de chaque pays, valeur calculée sur le