patriotes. Cette nouvelle, et la position avantageuse des Russes, enlevèrent au pacha toute espérance. Voyant qu’il ne pouvait ni se retirer sain et sauf, ni résister avec succès, il fit dire qu’il voulait se rendre avec tout son corps. Paskewitch y consentit, à condition que les troupes ottomanes déposeraient les armes et quitteraient leurs retranchemens ; mais, avant que le parlementaire fût de retour, les Turcs avaient recommencé le feu, et le combat s’était engagé sur tous les points. Le camp fut emporté, et le pacha fait prisonnier. Les Turcs perdirent 2,000 morts, 1,200 prisonniers, et toute leur artillerie. Tout cela se fit en vingt-quatre heures. Les Russes battirent le séraskier le 1er juillet, et Hakki-Pacha le 2, après avoir fait une marche de quatorze lieues. On assure qu’ils n’eurent pas plus de 100 hommes tués, ce qui est difficile à croire.
Le 14 juillet, Paskewitch marcha sur Erzeroum, ville de 100,000 âmes, l’une des plus riches et des plus importantes de l’empire ottoman. On apprit bientôt que les troupes rassemblées par le séraskier près d’Hassan-Kalé s’étaient dispersées d’elles-mêmes, et que le pacha chargé de défendre cette forteresse, qui est considérée comme la clé d’Erzeroum, l’avait abandonnée en toute hâte, emportant sur des chariots et sur des bêtes de somme tout ce qu’il avait pu y faire charger. Le 5 juillet, à neuf heures du soir, les Russes prirent possession d’Hassan-Kalé ; ils y trouvèrent de l’artillerie et des provisions considérables, qu’on n’avait pas eu le temps de retirer. Paskewitch, ayant appris que la défaite des Turcs et la rapidité de sa marche avaient fait une vive impression sur les habitans d’Erzeroum, leur envoya Mamich-Aga, ancien commandant des janissaires, qui avait été fait prisonnier le 1er juillet, et qui jouissait d’un grand crédit dans la ville. Il était porteur d’une proclamation dans laquelle le général russe promettait solennellement, en cas de soumission, la sûreté des personnes et des propriétés, et le libre exercice de la religion. Le 7 juillet, Mamich-Aga fit dire que les moullahs et les principaux habitans étaient disposés à se soumettre, mais que le peuple, excité par les troupes du séraskier, était dans une grande exaltation. Paskewitch marcha alors en avant, laissant ses bagages sous la protection de la forteresse d’Hassan-Kalé. Le 8 juillet, un capidji-bachi envoyé par le séraskier, et Mamich-Aga, député par les habitans d’Erzeroum, se rendirent au camp russe, situé à trois lieues de la ville. Le capidji-bachi assura que le séraskier consentait à rendre la ville, mais qu’il craignait que l’approche des Russes n’exaspérât le peuple et ne le poussât à une résistance désespérée. Paskewitch ne se laissa pas arrêter et se mit