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mon grade, mes honneurs, mes titres, mon bâton, mon hôtel. » On devrait comprendre qu’il n’est ni national, ni habile de se montrer avare sur le prix que le pays doit aux travaux militaires, et ne pas proposer aux électeurs l’ingratitude comme un devoir civique. Mais le corps électoral confirmera, par ses suffrages, la justice de la nomination faite par le gouvernement, et saura donner à de maladroits adversaires une leçon de véritable patriotisme.

M. Lerminier, professeur de législation comparée, au Collége de France, et docteur en droit, vient d’être nommé maître des requêtes en service extraordinaire. Nos lecteurs connaissent les travaux sérieux de M. Lerminier, et ses titres à cette nomination ne sont pas de ceux qu’on puisse contester. Ouvrir la route des affaires à un homme tel que M. Lerminier, c’est protéger à la fois tous les esprits distingués et montrer combien on sent leur valeur.

La récente création de quatre Facultés des lettres à Rennes, à Bordeaux, à Montpellier et à Lyon, n’ayant pas laissé de prétexte aux attaques habituelles et aux insinuations malveillantes de certains journaux, quelques-uns d’entre eux, par dépit de n’avoir pu décrier une institution, depuis long-temps désirée, qui favorisera le développement intellectuel des provinces, et qui fera long-temps honneur au zèle actif de M. de Salvandy, se sont rejetés sur le choix des titulaires, dont la première nomination, on le sait, appartient de droit au ministre. Ce n’est pas nous qui blâmerons M. de Salvandy d’avoir pris le plus grand nombre de ses nouveaux professeurs dans les rangs de ces jeunes agrégés dont plusieurs font honneur aux fortes et consciencieuses études de l’École normale, et aussi parmi les autres hommes qui relèvent à sa vraie hauteur l’enseignement, de jour en jour meilleur, de nos colléges royaux de province. Quelques docteurs ès-lettres dont les thèses avaient été remarquées, comme M. Martin, connu dans le monde universitaire par ses dissertations sur la Poétique d’Aristote et sur Spinosa, comme M. Monin, dont on a distingué le travail sur le Roman de Roncevaux, se présentaient naturellement au choix du ministre. Appeler M. l’abbé Bautain au décanat de la Faculté de Strasbourg et M. Varin au décanat de Rennes, c’était rendre justice, chez le premier, à une très remarquable intelligence philosophique et à une vive éloquence qu’on vient admirer d’Allemagne, et qui, nous l’espérons, trouveront quelque jour leur place plus près de nous ; chez le second, à une science historique qui doit enrichir bientôt la Collection du gouvernement d’un long et important travail sur les archives de Reims. Ces choix, faits au sein de l’Université active, ont eu l’approbation qu’ils méritaient ; mais il n’en a pas été de même à l’égard de noms mêlés plus directement à la science et à la littérature. Nous voulons parler des nominations de MM. Ravaisson, Bergmann, Gustave Planche, Quinet et Marmier. Puisqu’il faut l’apprendre à certains journaux, M. Bergmann, élève distingué de Grimm pour les langues du Nord, et d’Ewald pour les langues sémitiques, est très versé dans