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nouvelles, que M. Huskisson modifiait son code de navigation, son régime colonial et ses tarifs ; tandis que M. Canning obtenait même le concours du parlement pour toucher à l’arche sainte du corn-laws[1], la liberté religieuse et politique n’obtenait guère dans son sein que d’éloquens et stériles hommages. La majorité des communes semblait acquise à l’émancipation ; majorité flottante et incertaine toutefois, qui, sans la puissance de ces faits soudainement confessés par les ennemis les plus implacables de cette grande mesure, n’aurait jamais triomphé ni des scrupules de la couronne, ni de l’opposition acharnée de la pairie et du banc ecclésiastique.

En 1819, une proposition tendant à l’abolition du test et des autres incapacités affectant les catholiques, ne fut repoussée à la chambre des communes qu’à une majorité de 2 voix. En 1821, une majorité de 6 suffrages y fut acquise à un bill de M. Plunkett, sur le même objet. L’année suivante, M. Canning obtint une majorité de 12 voix pour une proposition analogue, quoique moins étendue, puisqu’il ne s’agissait que de l’admission des pairs professant la religion romaine au sein de la chambre des lords. Bien que le chef de l’administration de cette époque, lord Liverpool, et le membre le plus influent du cabinet, lord Castlereagh, ne repoussassent pas des réclamations qui devenaient de jour en jour plus menaçantes, ces diverses résolutions expirèrent sans résultat devant la chambre haute.

En 1825, l’état terrible de l’Irlande, où l’association catholique avait élevé contre le gouvernement légal un gouvernement virtuel, plus puissant que le premier, exerça sur l’opinion une influence manifeste ; et une résolution proposée par sir Francis Burdett passa aux communes à une majorité qui, cette fois, s’éleva jusqu’à 27 voix.

Le parlement nouveau, réuni l’année suivante, ne secoua pas de prime-abord les antipathies populaires du sein desquelles l’élection venait de le faire sortir. En 1827, une majorité de 4 voix repoussa la mesure, et ce vote, attendu avec anxiété dans les trois royaumes, parut rompre le dernier lien qui rattachât l’Irlande à l’Angleterre, et ouvrir pour celle-ci l’ère d’une autre guerre d’Amérique. Aussi, en 1828, le sang-froid revint-il en face du danger et de la confiance avec laquelle l’Irlande semblait l’envisager.

  1. Bill de 1827, en vertu duquel le blé étranger était toujours admissible sur les marchés de la Grande-Bretagne moyennant un droit variable. Cette proposition, passée à la chambre des communes, se trouva implicitement rejetée à celle des lords, quoiqu’elle y eût d’abord été admise en principe, par l’adoption d’un célèbre amendement du duc de Wellington, qui prohibait l’importation du blé en entrepôt tant que le prix ne se serait pas élevé à 66 shell. le quarter (1 hect. 04). L’année suivante, le duc, placé à la tête du ministère, fit passer un bill fondé sur les mêmes bases que celui qu’il avait fait rejeter.