au corps législatif, il fut bientôt désigné par les suffrages de ses collègues au choix du Consul pour la présidence. Poète d’avant 89, critique de 1800, il va devenir orateur impérial. La même distinction le suit partout : son nom y gagne et s’étend. Toutefois ces palmes entrecroisées se supplantent un peu et se nuisent. Ce qui augmenta sa considération de son vivant, ne saurait servir également sa gloire.
J’irais plus haut peut-être au temple de Mémoire,
Si dans un genre seul j’avais usé mes jours,
Un avantage demeure, et il est grand : le caractère historique remplace à distance l’intérêt littéraire pâlissant. Il n’est pas indifférent, devant la postérité, d’avoir figuré au premier rang dans le cortége impérial, et d’y avoir compté par sa parole. Ces discours, présentés dans de sobres échantillons, suffisent à marquer l’époque qu’ils ornèrent, et où ils parurent d’accomplis témoignages de contenance toujours digne, de flatterie toujours décente, et de réserve parfois hardie. M. de Fontanes n’avait nullement partagé les idées de la fin du XVIIIe siècle sur la perfectibilité indéfinie de l’humanité, et la révolution l’avait plus que jamais convaincu de la décadence des choses, du moins en France. Il l’a dit dans une belle ode :
Hélas ! plus de bonheur eût suivi l’ignorance !
Le monde a payé cher la douteuse espérance
D’un meilleur avenir ;
Tel mourut Pélias, étouffé par tendresse
Dans les vapeurs du bain dont la magique ivresse
Le devait rajeunir.