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LE COMMERCE DÉCENNAL.

de réexportation dont les variations sont soumises à des influences tout-à-fait étrangères à notre pays. En recherchant dans les différences entre ce que les tableaux de nos douanes appellent le commerce général et le commerce spécial, nous trouvons les faits suivans :

Les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Suisse, l’Allemagne, la Prusse et les Indes orientales ont importé chez nous, en articles qui ne sont pas entrés dans notre consommation, de 1827 à 1829, pour 146 millions, et de 1833 à 1835, pour 334 millions. D’un autre côté, nos exportations en articles étrangers ont été, pour les États-Unis, la Suisse, l’Allemagne et les états sardes, de 1827 à 1829, 95 millions, et de 1833 à 1835, 297 millions. Cet accroissement d’échanges opérés sur notre territoire, entre un si petit nombre de nations, est un fait bien remarquable ; mais ce que nous regardons comme certain, c’est que la presque totalité de ce grand commerce s’opère sans le concours de nos concitoyens, qui n’y participent ni par leurs capitaux, ni par leurs navires. La Suisse et l’Allemagne demandent à la Grande-Bretagne et aux États-Unis des cotons, de l’indigo, des denrées de toute espèce. Les États-Unis, de leur côté, commettent à l’industrie suisse et allemande les rubans, les tissus de soie, de lin, de laine, que leurs paquebots chargent au Havre. Les états sardes envoient leurs caboteurs charger à Marseille des denrées de toutes les provenances arrivées par la navigation étrangère. Tout cela emprunte nos routes et quelquefois seulement nos entrepôts maritimes, s’enregistre dans nos états de commerce, donne une fausse apparence de vie et d’activité à nos relations commerciales, et en augmente l’importance par centaines de millions. L’exportation de nos propres produits dans le même temps éprouve un si faible accroissement, que, si on discutait la différence de la valeur réelle avec le chiffre officiel établi en 1825, nous serions peut-être restés stationnaires dans le cours des neuf années.

Il reste à examiner une branche importante : c’est celle de la navigation ou des frets et des transports. Elle n’entre dans les estimations officielles d’aucun peuple, et cependant elle modifie les avantages de leurs rapports réciproques. Aussi est-il intéressant de considérer combien la navigation étrangère au pays a fait de progrès, tant en France qu’en Angleterre et aux États-Unis. Les proportions en sont bien diverses, et on trouve la navigation générale :

À L’ENTRÉE. EN FRANCE. EN GRANDE-BRETAGNE. AUX ÉTATS-UNIS.
Mille tonneaux. Nav. nat. Nav. étr. Nav. nat. Nav. étr. Nav. nat. Nav. étr.
De 1827 à 1829. 1,030 1,585 6,365 2,097 2,660 416
De 1830 à 1832. 1,073 1,845 6,783 2,273 2,840 807
De 1833 à 1835. 1,160 2,125 6,925 2,462 3,539 1,706
À LA SORTIE.
De 1827 à 1829. 990 1,320 5,957 2,106 2,822 415
De 1830 à 1832. 932 1,195 6,632 2,306 2,919 793
De 1833 à 1835. 1,076 1,467 6,960 2,516 3,676 1,705