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GLASGOW.

II.

Nous l’ensevelîmes la nuit, en silence, fouillant le gazon avec nos baïonnettes, à la lumière brumeuse des rayons de la lune, luttant avec la lueur pâle de notre lanterne.

III.

Aucune bière inutile ne contenait sa poitrine, nous ne le portions ni dans un drap, ni dans un linceul ; mais il était couché comme un guerrier au repos, enveloppé dans son manteau de guerre.

IV.

Rares et courtes furent les prières que nous dîmes, et nous ne prononçâmes pas une parole de douleur ; mais nous contemplâmes d’un œil ferme le visage du mort, et nous pensâmes amèrement au lendemain.

V.

Nous pensâmes, en creusant son lit étroit, en préparant son oreiller solitaire, que l’ennemi et l’étranger marcheraient sur sa tête, et que nous serions déjà loin sur la mer.

VI.

Ils parleront légèrement de l’homme qui nous a quittés, et ils insulteront à ses cendres froides ; mais il sera sourd à leurs injures, pourvu qu’ils le laissent dormir dans le tombeau où un Anglais l’a placé[1].

VII.

Nous avions à peine achevé la moitié de notre tâche douloureuse, quand l’horloge sonna l’heure de la retraite, et nous entendîmes le son éloigné de l’artillerie ennemie.

VIII.

Lentement et tristement nous le déposâmes en terre, sans étancher le sang de ses blessures glorieuses ; nous ne gravâmes aucune ligne, nous n’élevâmes aucune pierre, mais nous le laissâmes seul avec sa gloire[2].


Il faudrait un volume pour faire connaître d’une façon détaillée chacun des édifices, des temples et des monumens de Glasgow. Parmi les édifices séculiers, on remarque le Jail, les théâtres, l’hôpital royal que surmonte un

  1. Ces craintes du poète étaient peu fondées. La tombe du général Moore fut respectée, et le maréchal Soult, vainqueur généreux, fit même dresser une pyramide sur la fosse où son corps avait été déposé.
  2. Not a drum was heard, not a funeral note,
    As his corse to the rampart we hurried,
    Not a soldier discharged his farewell shot
    O’er the grave where our hero we buried.

    We buried him darkly at dead of night,
    The sods with our bayonets turning,