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gouvernement démocratique. La question ajournée depuis huit ans, et surtout depuis les 5 et 6 juin, va s’agiter et se résoudre.

« Depuis quelque temps bien des mensonges ont été victorieusement réfutés par les faits, bien des obstacles ont été renversés par la raison publique, aidée de ceux-là même qui travaillaient jadis à la faire dévier de sa noble voie. Les agens les plus violens de la résistance, les partisans les plus effrénés de la volonté immuable, ont pris à tâche de dessiller les yeux de tous. Ils ont combattu le pouvoir qui démoralise le pays, avec toute l’énergie qu’ils avaient mise à l’établir et à le défendre.

« La discussion de l’adresse a donc été le commencement d’une ère nouvelle, qui nous prépare sans doute encore de nouveaux biens et d’éclatans enseignemens.

« Et ici nous devons rendre justice à M. Thiers. M. Thiers a toujours été un homme de la gauche, un esprit révolutionnaire, même lorsqu’il s’appuyait le plus sur les sympathies des majorités du 13 mars et du 11 octobre.

« M. Thiers, nous le répétons, nous appartient ; il nous revient, il nous reviendra tout-à-fait. »

(Radical du Lot du 16 février.)

— « Jamais, s’écrie le Patriote du Jura (6 février), jamais, même au jour où le canon de l’émeute grondait dans les rues, jamais, depuis l’heure où la Vendée se soulevait à la vue d’une princesse de la maison déchue, la couronne ne s’était trouvée dans une situation plus difficile et plus dangereuse. »

Et ce journal explique très bien d’où vient cette gravité. Il ne dissimule pas que les dangers qui nous entourent ont été créés par les anciens serviteurs de la royauté, devenus aujourd’hui ses plus implacables et ses plus dangereux ennemis.

— « Il faut, s’écrie la Revue du Cher du 1er février, qui soutient la candidature de M. Duvergier de Hauranne, que la Belgique s’inscrive au rang des peuples par une résistance héroïque et nationale, ou qu’elle abandonne à tout jamais son titre de nation. Quant à la France, son devoir national lui commande de défendre sa sécurité menacée, et un gouvernement, quel qu’il soit, ne saurait renoncer à cette mission sacrée sans se rendre coupable de trahison envers le pays. »

— Ainsi les doctrinaires veulent la guerre aussi bien sur la question de Belgique que sur celle d’Ancône. Il est évident ici que le mot d’ordre envoyé à Lisieux n’était pas encore arrivé dans le département du Cher, quand cette boutade fut écrite. On la réparera sans doute prochainement par une lettre nouvelle sur les avantages de la paix et sur les fautes du ministère, qui aurait dû forcer, il y a six mois, la Belgique à accepter le traité des 24 articles. Le Journal Général ne dit-il pas déjà aujourd’hui que les fantômes disparaissent ? et il ajoute : « Que sont devenues, depuis l’appel fait à la raison calme des électeurs, les calomnies furibondes que toutes les plumes et toutes les bouches ministérielles répandaient contre la coalition ? Que devient déjà l’absurde épouvantail de la guerre, imaginé dans l’espoir de changer en votes ministériels les votes de quelques esprits indécis ? » On vient de voir d’où sortent