Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 17.djvu/706

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
702
REVUE DES DEUX MONDES.

cule affaire comme une preuve de l’impuissance et de l’inhabileté du ministère du 11 octobre.

Quant à la solution du différend actuel avec le Mexique, qui est un peu plus sérieux que celui du 11 octobre avec Bâle-Campagne, selon toute vraisemblance, elle ne se fera pas long-temps attendre. Le ministre anglais à Mexico, M. Pakenham, est parti de Vera-Cruz pour cette capitale dans les premiers jours du mois de janvier, après avoir eu diverses conférences avec Santa-Anna et l’amiral Baudin. M. Pakenham, établi à Mexico depuis dix ans, y jouit, comme ministre d’Angleterre et comme allié par son mariage à la société mexicaine, d’une certaine influence. Il réussira sans doute à faire comprendre au gouvernement quelconque de ce pays la nécessité de céder aux justes exigences de la France ; il dira que le Mexique ne doit compter sur aucun secours de la part de l’Angleterre, et il insistera d’autant plus, que la continuation du blocus est assez fâcheuse pour le commerce britannique, sans que pour cela le ministère anglais puisse nous en contester le droit. Si les efforts de M. Pakenham coïncident avec un changement d’administration à Mexico, si M. Cuevas, dont l’amiral Baudin a eu tant à se plaindre aux conférences de Jalapa, est entièrement écarté des affaires, si Pedraza et Gomez Farias, rassurés sur les vues de conquête et les projets d’établissement, pour le prince de Joinville, qu’on avait perfidement prêtés à la France, se mettent au-dessus des préjugés anti-français qu’ils ne partagent pas, et se souviennent de leurs protestations de 1833, la bonne intelligence sera promptement rétablie entre les deux nations. L’intervention officieuse de l’Angleterre, pour terminer ce différend, s’accorde d’autant mieux avec la dignité de la France, que la plus grande partie de l’escadre britannique envoyée dans le golfe du Mexique a dû, peu de temps après, quitter ces parages et regagner la Jamaïque. Le commandant anglais a aisément compris que ses forces étaient trop considérables pour la protection des intérêts qu’elles pourraient avoir à défendre, et qu’au moment où l’Angleterre agissait à Mexico pour faire accepter des conditions raisonnables, il ne fallait pas qu’une escadre anglaise, supérieure aux forces de l’amiral Baudin, croisât inutilement sous le feu de Saint-Jean d’Ulloa. Je crois, au reste, que cette médiation de l’Angleterre est encore une réponse aux phrases du jour sur l’affaiblissement de l’alliance anglaise, et vous avez dû remarquer, monsieur, avec quelle parfaite convenance les ministres anglais ont parlé récemment de l’escadre française et des rapports qui se sont établis à Vera-Cruz entre l’amiral Baudin et le commodore Douglas. L’opposition tory, dans les deux chambres du parlement, a bien essayé de faire grand bruit d’une vivacité toute française que le prince de Joinville s’est permise envers un paquebot anglais, dans le but, assurément très excusable, de prendre une part plus active à l’attaque de Saint-Jean d’Ulloa ; mais les ministres ont constamment répondu qu’il avait été donné des explications satisfaisantes, et que cet incident n’avait pas eu d’autres suites. Un ou deux journaux de notre opposition n’en ont pas moins donné raison aux vieilles rancunes du parti tory contre la