musique, je sens mes yeux se remplir de larmes, et mon esprit aborder des régions inconnues.
Taisez-vous, parlez bas du moins. Observez le prodige. Il y a ici beaucoup à apprendre. Ne voyez-vous pas que ses mains ne sont pas posées sur la lyre ? Son bras gauche seul soutient l’instrument, appuyé sur son sein, et comme si les pulsations de son cœur brûlant, comme si un souffle divin émané d’elle suffisaient à faire vibrer les cordes, sans le secours d’aucun art humain, la lyre chante sur un mode inconnu quelque chose d’étrange !
Oh ! oui, je vois le miracle ! Je savais bien que cette créature appartenait à un monde supérieur ! Laissez-moi l’écouter, maître, elle n’a pas fini. Dieu ! dans quel ravissement elle plonge tout mon être ! Oh ! oui, maître, l’ame est immortelle, et après cette vie l’infini s’ouvrira devant nous !
Le moment est venu pour toi, esprit notre frère, qu’un pouvoir magique retient captif au sein de cette lyre. Nous avons entendu ta voix mélodieuse, et nous viendrons voltiger autour de ta prison d’ivoire, jusqu’à ce que la main de cette vierge ait été assez puissante pour rompre le charme et te rendre à la liberté. Déjà tu n’es plus condamné au silence ; un souffle pur t’a ranimé. Espère : l’homme ne peut rien fixer, et ce qui a été ravi au ciel doit y retourner.
Ô mes frères, ô esprits bien-aimés, approchez-vous, descendez vers moi. Tendez la main. Arrachez-moi de cette prison, afin que j’aille voltiger avec vous dans l’air pur, au-dessus de la région stérile où végètent les hommes. Ô mes frères, ne m’abandonnez pas. Je soupire, je tremble, je souffre ; écoutez mes plaintes, écoutez mes pleurs timides, emportez-moi sur vos ailes de feu !
Le magicien t’a lié avec sept cordes de métal. Pour que tu sortes de la lyre, il faut qu’une main vierge de toute souillure ait rompu les sept cordes une à une ; mais il faut que ce soit la main d’une créature humaine. Nous ne pouvons que charmer ta douleur par nos chants et ranimer ton espoir par notre présence.