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ILLUSTRATIONS SCIENTIFIQUES.

diques et leurs correspondances avec d’autres phénomènes naturels. Du jour qu’un homme a souffert, avons-nous dit, il y a eu une médecine ; du jour qu’il y a eu un ciel pur et découvert, et des hommes passant les nuits à garder les troupeaux et à explorer les mers, il y a eu une astronomie. Tout comme on a pu voir l’organisme passant par les différentes phases de la fièvre, sous l’influence de causes placées ou en dedans ou en dehors de l’homme, de même on a pu observer que tel astre apparaissait à telle heure de la nuit, à telle époque de l’année, et était, dans son apparition, précédé ou suivi de tel autre astre. Tout comme encore on a pu voir que sur l’homme malade un certain ensemble de phénomènes déterminés avait un certain point de départ et affectait une certaine tendance, et qu’on a pu former ainsi des groupes nosographiques, de même on a pu observer que les astres avaient entre eux des rapports constans, et formaient ensemble des groupes qui se succédaient dans un ordre constant : de là les pronostics de la médecine, de là les prévisions de l’astronomie, les dernières plus sûres que les premiers, parce qu’il y a plus de constance ici que là ; mais les uns et les autres fondés sur le même caractère des phénomènes naturels, la constance. La médecine et l’astronomie étaient donc toutes deux des sciences d’observation, mais aussi toutes deux dominées par la grande idée d’harmonie, de loi, qui a été jetée dans la nature pour que l’homme l’y trouvât, et toutes deux, à ce titre, faisant partie de la science des sages, de la sagesse antique.

Nous ne parlons point ici des progrès ultérieurs, des découvertes de détail : nous ne demandons point quel parti la science tirera des lois de la circulation du sang, ou de celles de la gravitation, ou de l’invention de la boussole. Nous établissons l’existence et l’origine antique de la science : nous remontons au principe des découvertes primitives, et nous disons, comme l’histoire le dit, que l’homme ouvrant les yeux a vu, et que son intelligence venant tout de suite en aide à ses yeux, ou même dirigeant ses yeux, il a aperçu des lois. Nous disons que la médecine ne doit pas plus recommencer avec chaque médecin, que l’astronomie avec chaque astronome. Il est clair que l’astronomie a le droit de produire dans la suite des âges Newton, Kepler, Huyghens, qu’elle multipliera ses instrumens, qu’elle disposera ses observatoires, qu’elle se servira de toutes les sciences physiques et mécaniques pour étendre ses découvertes, qu’elle établira des relations faciles entre tous les savans du monde, quand elle le pourra, pour assurer l’exactitude de ses observations. Oui, cela