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Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 18.djvu/403

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LES SEPT CORDES DE LA LYRE.

effilés, ces sveltes colonnades, ces palais de marbre, où le soleil allume dans chaque vitre de cristal un diamant aux mille facettes ! Regarde ce fleuve qui se roule comme un serpent d’or et d’azur autour des flancs de la grande cité, tandis que des ponts de fer et de granit, ici bordés de blanches statues qui se mirent dans les ondes, là suspendus comme par magie à d’invisibles cordons de métal, s’élancent d’une rive à l’autre, tantôt en arcades de pierre fortes et massives, tantôt en réseaux de fer transparens et déliés, et tantôt en élastiques passerelles qui plient sans rompre sous le poids des chariots et des cavaliers ! Vois ces arcs de triomphe où le jaspe et le porphyre travaillés par les mains les plus habiles servent de piédestal aux statues des grands hommes ou aux trophées de la guerre ! Vois de toutes parts ces symboles de la puissance et du génie ! ces frontons chargés d’emblèmes, ces victoires aux ailes éployées, ces coursiers de bronze qui semblent bondir sous la main des conquérans ! Vois ces fontaines jaillissantes, ces édifices où la science accomplit ses prodiges ; ces musées où l’art entasse ses chefs-d’œuvre ; ces théâtres où l’imagination voit réaliser chaque jour ses plus beaux rêves ! Vois aussi cette rade immense où les bannières de toutes les nations flottent sur une forêt de mâts, et où des extrémités de la terre le commerce vient échanger ses richesses ! Porte tes regards plus loin, vois ces rivages fertiles, ces campagnes fécondes semées de villas magnifiques, et coupées dans tous les sens de larges voies plantées d’arbres, où les chars volent dans la poussière, et où le pavé brûle sous le pied des coursiers rapides ! Vois des merveilles plus grandes encore : sur ces chemins étroits, rayés de fer, qui tantôt s’élèvent sur les collines et tantôt s’enfoncent et se perdent dans le sein de la terre, vois rouler, avec la rapidité de la foudre, ces lourds chariots enchaînés à la file, qui portent des populations entières d’une frontière à l’autre, dans l’espace d’un jour, et qui n’ont pour moteur qu’une colonne de noire fumée ! Ne dirait-on pas du char de Vulcain roulé par la main formidable des invisibles cyclopes ? Vois aussi sur les flots la puissance de cette vapeur qui sillonne le flanc de la mer avec des roues brûlantes, et la rend docile comme la plaine au tranchant de la charrue ! — Et maintenant, écoute ! Ces myriades d’harmonies terribles ou sublimes qui se confondent en un seul rugissement plus puissant mille fois que celui de la tempête, c’est la voix de l’industrie, le bruit des machines, le sifllement de la vapeur, le choc des marteaux, le roulement des tambours, les fanfares des phalanges guerrières, la déclamation des orateurs, les mélodies de mille