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commissaires, dont l’un était M. Michel Stourdza, hospodar actuel de Moldavie, examina le règlement projeté, le modifia souvent avec raison, quelquefois à tort, et en arrêta la rédaction définitive, qui fut faite en français, et traduite de cette langue en valaque. C’est ce dernier travail qui fut proposé aux assemblées nationales et adopté par elles. Nous allons l’examiner rapidement.

Le principe représentatif a été largement introduit dans toutes les branches de l’administration publique. Le chef de l’état lui-même doit être élu par une assemblée composée de cinquante boyards de la première classe et de soixante-dix de la deuxième, des évêques, de trente-six députés des districts et de vingt-cinq délégués des corporations des villes. Le prince régnant, Aleko Ghika, a été nommé directement par la Russie et la Porte ; mais l’article du traité de 1834 qui autorise cette dérogation à la règle la considère formellement comme un cas tout particulier, sans influence sur l’avenir.

L’hospodar ne peut gouverner que sous la surveillance de l’assemblée nationale, qui a le droit de contrôler les comptes des recettes et dépenses des caisses de l’état. Cette assemblée est composée : 1o du métropolitain président et des trois évêques diocésains ; 2o de vingt boyards, grands propriétaires fonciers élus par leur ordre ; 3o des dix-huit députés des districts, et des représentans de la ville de Crayova. Les ministres ne sont ni éligibles ni électeurs.

Les mandataires de la nation veillent à la conservation des propriétés publiques, à l’encouragement de l’agriculture ; ils règlent de concert avec l’hospodar tout ce qui est relatif aux progrès de l’industrie et du commerce, à l’entretien des routes, etc. Ils ont, s’il m’est permis de faire ce rapprochement, des attributions analogues à celles de nos conseils-généraux ; mais les affaires politiques ne sont point de leur ressort, car nulle modification ne peut être apportée au règlement sans l’approbation préalable des deux puissances souveraines. Nos journaux ont parlé de la vive répugnance que les Valaques ont témoignée lorsqu’il s’est agi d’insérer dans leur constitution l’article qui la leur rend inviolable. Je me trouvais à Boukarest à cette époque, et tout le monde attendait avec impatience la fin des débats. Les députés obéirent à la force, et l’article en question ne fut adopté que sur l’ordre formel du sultan. La conduite maladroite et violente que la Russie a tenue en cette circonstance, a blessé l’opinion, et si elle a prouvé clairement aux cabinets de l’Europe que la volonté de Mahmoud est subordonnée, en ce qui concerne les deux principautés, aux exigences politiques de Saint-Pétersbourg, elle a