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LES
VICTIMES DE BOILEAU.[1]

Bâille-moi donc de ce nectar vermeil !
Car c’est mon feu, mon sang et mon soleil !
Oh ! qu’il est doux ! j’en ai l’ame ravie !
..............
Verse, garçon ! verse jusques aux bords !
— À la santé des vivans et des morts !

(Sainct-Amant.)

I.
Les Goinfres. — Marc-Antoine de Gérard de Saint-Amant.

Ce fut un poète, hélas ! et un poète perdu pour l’avenir. Il avait de l’esprit, un esprit ardent et fin ; il rimait d’une manière merveilleuse. La langue poétique se pliait et se roulait sous sa plume comme la matière fusible se tord et s’arrondit au souffle du verrier ;

  1. Il n’y a pas, dans les annales intellectuelles de la France, d’époque plus importante et plus curieuse à observer que celle qui assura le triomphe de Boileau et de Racine, ligués contre les influences étrangères de l’Italie et de l’Espagne, contre l’hôtel de Rambouillet et Clélie. On retrouvera, dans la série que nous commençons aujourd’hui, tous les personnages qui soutinrent cette lutte. La plupart appartenaient à une époque antérieure ; en les renversant, on détrôna le passé. L’histoire des Victimes de Boileau sera donc en définitive l’histoire littéraire de la France, sous Richelieu et Mazarin, de 1610 à 1660.