Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 18.djvu/816

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
812
REVUE DES DEUX MONDES.

de l’assemblée législative de Pensylvanie. Cependant, malgré les invitations et les prières des directeurs de l’hospice, elles furent obligées de quitter la ville, parce qu’elles n’auraient pu y pratiquer sans difficultés les règles de leur ordre, et que rien n’aurait pu empêcher les malades et les pauvres de les regarder et de les traiter comme des domestiques dont on paie le temps et les soins.

De toutes les associations religieuses, la plus active et la plus importante est l’Association américaine pour l’éducation, qui appartient à la fois aux congrégationalistes et aux presbytériens, et dont le but est de former des jeunes gens pieux et capables pour l’état ecclésiastique. Les fonds de cette association sont administrés avec une telle économie, qu’en 1836 elle a pu, avec un revenu de 66,000 dollars (1 dollar équivaut à 5 fr. 42 c. de notre monnaie), entretenir onze cent vingt-cinq élèves. À la vérité, les jeunes gens doivent fournir par leurs travaux une partie de la somme nécessaire à leur entretien, et dans les dix dernières années, 173,000 dollars ont été gagnés de cette manière. De plus, l’argent que l’association met en avant pour eux n’est considéré que comme un prêt qu’ils doivent rembourser plus tard, si les circonstances le leur permettent. 26,000 dollars lui sont revenus par ce moyen de 1825 à 1836. L’intérêt que les fidèles prennent à la prospérité et au développement des séminaires d’où doivent sortir leurs prédicateurs, est si vif, que depuis 1823, ils observent chaque année, au dernier jeudi de février, un jour de jeûne, pour attirer sur cette œuvre les bénédictions du ciel. L’exemple suivant montrera le zèle avec lequel ils contribuent aux dépenses nécessaires pour ce but. On trouva, il y a quelques années, parmi les papiers d’un marchand de Boston, nommé Cobb, un document conçu en ces termes : « Je ne veux jamais posséder, avec la grâce de Dieu, plus de 50,000 dollars. Je veux, avec la grâce de Dieu, consacrer à des œuvres de religion et de miséricorde le quart du profit que je ferai dans mon commerce. Si je viens à gagner 20,000 dollars, j’y consacrerai la moitié de mon profit, les deux tiers si j’arrive à 30,000 dollars, et tout mon gain si j’arrive à 50,000. » Fidèle à la résolution qu’il avait prise, dès qu’il se trouva possesseur d’une fortune de 57,500 dollars, il en donna 7,500 au séminaire théologique de Newton, dans l’état de Massachussett. Aux séminaires il faut ajouter les maisons où l’on forme des missionnaires soit pour l’Union, soit pour les contrées habitées par les tribus indiennes. Cependant les baptistes et les méthodistes, malgré leur zèle, n’ont pu encore obtenir sous ce rapport des résultats qui puissent être comparés à ceux qu’obtiennent chaque jour les missionnaires catholiques du Canada parmi les Indiens. En un mot, on peut dire qu’il n’est pas en Amérique un seul but religieux pour lequel il n’y ait un moyen qui le rende plus facile à atteindre. Ce moyen, c’est une association, un séminaire, une mission, une école, une société biblique, ou une société de tempérance, une imprimerie qui répand à profusion les livres religieux ; c’est un hôtel fondé dans une ville ou dans un lieu de bains, et qui offre un asile aux chrétiens des différentes confessions, qui peuvent y mener une vie conforme à leurs principes et à leurs sentimens, et y retrouver en