Ayez un peu de patience, songez qu’il m’en faut souvent beaucoup avec vous.
C’est vrai, mon ami, pardonnez-moi. Je suis mal disposé aujourd’hui.
Je m’en aperçois. Peut-être vaudrait-il mieux remettre la conversation à demain ou à ce soir. (Léger bruit dans le cabinet.)
Qui est là dedans ?
Vous le saurez, si vous voulez m’entendre.
Lui ! mon grand-père, peut-être !…
Peut-être.
Comment peut-être ! et vous me faites languir !… (Il essaie d’ouvrir. La porte est fermée en dedans.) Quoi ! il est ici, et on me le cache !
Arrêtez, il repose.
Non ! il a remué, il a fait du bruit.
Il est fatigué, souffrant, vous ne pouvez pas le voir.
Pourquoi s’enferme-t-il pour moi ? Je serais entré sans bruit ; je l’aurais veillé avec amour durant son sommeil ; j’aurais contemplé ses traits vénérables. Tenez, l’abbé, je l’ai toujours pressenti, il ne m’aime pas. Je suis seul au monde, moi : j’ai un seul protecteur, un seul parent, et je ne suis pas connu, je ne suis pas aimé de lui !
Chassez, mon cher élève, ces tristes et coupables pensées. Votre illustre aïeul ne vous a pas donné ces preuves banales d’affection qui sont d’usage dans les classes obscures…
Plût au ciel que je fusse né dans ces classes ! je ne serais pas un étranger, un inconnu pour le chef de ma famille.