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REVUE DES DEUX MONDES.

ASTOLPHE.

Tu ne veux pas me dire ce qu’Antonio est venu faire à Rome ? C’est que tu ne le sais pas, car tu aimes assez à médire pour ne pas te faire prier si tu savais quelque chose.

FAUSTINA.

S’il faut en croire Antonio, ce que je sais t’intéresse très particulièrement.

ASTOLPHE.

Mille démons ! tu parleras, serpent que tu es !

(Il lui prend convulsivement le bras.)
FAUSTINA.

Je te prie de ne pas chiffonner mes manchettes. Elles sont du point le plus beau. Ah ! tout inconstant qu’il est, Antonio est encore l’amant le plus magnifique que j’aie eu, et ce n’est pas toi qui me ferais un pareil cadeau ? (Le domino noir commence à écouter.)

ASTOLPHE, lui passant un bras autour de la taille.

Ma petite Faustina, si tu veux parler, je t’en donnerai une robe toute entière ; et, comme tu es toujours jolie comme un ange, cela te siéra à merveille.

FAUSTINA.

Et avec quoi m’achèteras-tu cette belle robe ? Avec l’argent de ton cousin ? (Astolphe frappe du poing sur la table.) Sais-tu que c’est bien commode d’avoir un petit cousin riche à exploiter ?

ASTOLPHE.

Tais-toi, rebut des hommes, et va-t’en ! Tu me fais horreur !

FAUSTINA.

Tu m’injuries ? Bon ! tu ne sauras rien, et j’allais tout te dire.

ASTOLPHE.

Voyons, à quel prix mets-tu ta délation ?

(Il tire une bourse et la pose sur la table.)
FAUSTINA.

Combien y a-t-il dans ta bourse ?

ASTOLPHE.

Deux cents louis… Mais si ce n’est pas assez…

(Un mendiant se présente.)
FAUSTINA.

Puisque tu es si généreux, permets-moi de faire une bonne action à tes dépens ! (Elle jette la bourse au mendiant.)