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REVUE DES DEUX MONDES.

L’HÔTE.

C’est ce qu’il faut savoir. C’est à la justice d’en connaître. Messieurs, faites votre devoir, ou je porte plainte.

LE CHEF DES SBIRES, d’un air digne.

La police sait ce qu’elle a à faire. Seigneur Astolphe, marchez avec nous.

L’HÔTE.

Je n’ai rien à dire contre ces nobles seigneurs…

(Montrant Gabriel et Marc.)
GABRIEL, aux sbires.

Messieurs, je vous suis. Si votre devoir est d’arrêter le seigneur Astolphe, mon devoir est de me remettre également entre les mains de la justice. Je suis complice de sa faute, si c’est une faute que de défendre sa vie contre des brigands. Un des cadavres qui gisaient ici tout à l’heure a péri de ma main.

ASTOLPHE.

Brave cousin !

L’HÔTE.

Vous, son cousin ? fi donc ! Voyez l’insolence ! un misérable qui ne paie pas ses dettes !

GABRIEL.

Taisez-vous, monsieur, les dettes de mon cousin seront payées. Mon intendant passera chez vous demain matin.

L’HÔTE, s’inclinant.

Il suffit, monseigneur.

ASTOLPHE.

Vous avez tort, cousin, cette dette-ci devrait être payée en coups de bâton. J’en ai bien d’autres auxquelles vous eussiez dû donner la préférence.

GABRIEL.

Toutes seront payées.

ASTOLPHE.

Je crois rêver… Est-ce que j’aurais fait mes prières ce matin ? ou ma bonne femme de mère aurait-elle payé une messe à mon intention ?

LE CHEF DES SBIRES.

En ce cas, les affaires peuvent s’arranger…

GABRIEL.

Non, monsieur, la justice ne doit pas transiger ; conduisez-nous en prison… Gardez l’argent, et traitez-nous bien.