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vations peu réfléchies. Les magistrats inférieurs des parquets, les secrétaires généraux et les personnes qui reçoivent un traitement de la liste civile, qui se trouveraient aussi atteintes par les exclusions du comité, nous semblent moins nécessaires dans une chambre ; mais on oublie trop vite, dans ce désir immodéré de réformes, que beaucoup de fonctionnaires se sont pénétrés de l’esprit de nos institutions, et qu’ils ont appris à embrasser la généralité des intérêts publics, en remplissant leur devoir de députés. Dans la chambre même, les utiles discussions des bureaux sont une école où se forment plus promptement les hommes distingués qu’ils ne pourraient le faire pendant de longues années passées dans les instructions judiciaires, ou dans l’examen nécessairement restreint des affaires d’une branche d’administration.

La gauche avancée compte cependant ne pas s’arrêter là. La réforme électorale ne lui suffit pas, ou plutôt cette mesure n’est, à ses yeux, qu’un acheminement à tous les prompts changemens qu’elle réclame. À l’occasion de l’anniversaire des journées de juillet, la gauche a donné son programme. Ce qu’elle attend du ministère, ou du moins de la partie du ministère qu’elle croit acquise à ses vues, c’est, elle le dit, le rétablissement du droit d’association, l’abolition des lois de la presse, ainsi que le retrait des lois relatives au jury et aux attributions de la cour des pairs. Il est vrai que ceux qui réclament ces prétendues améliorations exhortent le parti républicain à ne pas supprimer le principe de la propriété, et à cesser de prêcher l’établissement d’une dictature populaire. Tout doit, selon eux, se passer en discussions et en appels à l’opinion publique. Ces exhortations sont bonnes sans doute, mais nous serions curieux d’entendre la réponse de ceux à qui elles s’adressent, gens peu disposés à entrer en discussion, même avec l’opposition de gauche, et qui semblent bien résolus à faire prévaloir leurs théories ailleurs qu’à la tribune parlementaire ou dans les journaux. En attendant, on propose sérieusement au gouvernement de laisser ses adversaires s’associer librement, sans doute parce que la loi des associations a gêné le développement des clubs qui descendaient le 12 mai sur la place publique ! Il est encore bien important de se débarrasser de la législation de la presse qui ne gêne cependant guère certaines feuilles dans les attaques qu’elles font chaque jour contre nos institutions. Le gouvernement n’a sans doute qu’à se désarmer pour désarmer aussitôt les factions ! Voilà un expédient tout nouveau, et qui a le mérite de ne ressembler à aucun autre. Eh bien ! on nous assure qu’il y a dans le gouvernement quelques personnes qui ne seraient pas éloignées de l’approuver.

Depuis neuf ans que le gouvernement de juillet est occupé à se défendre contre ses ennemis, il a été forcé de prendre plusieurs fois des mesures sérieuses pour assurer la tranquillité du pays. La gauche avancée convient que la propriété est menacée par les innocentes vues que le défenseur d’un des accusés traduits devant la cour des pairs nommait avec indulgence les idées babouvistes. La gauche avancée convient encore que la liberté est menacée par une dictature populaire. Toutes ces choses ne sont pas d’hier Elles fermentent dans les sociétés secrètes depuis neuf ans, et les lois que le gouvernement a